Si c’est à 35 ans que la pianiste sud-coréenne Yeol Eum Son s’est lancée dans l’enregistrement des 18 sonates pour piano de Mozart, elle pratique ces pièces depuis sa plus tendre enfance. Quand elle jouait ces pièces élégantes, aux mélodies enchanteresses, à l’âge de quatre ou cinq ans, Son puisait son inspiration dans l’univers théâtral des opéras de Mozart. Elle en a conservé un style étonnamment mouvementé et dramatique, loin de la douceur et de la délicatesse qu’offrent certains pianistes. Sur un piano Steinway — beaucoup plus grand que le modeste pianoforte que Mozart a utilisé pour composer les sonates — elle déploie une large gamme de touchers et d’articulation qui met en lumière la fraîcheur et la spontanéité de son jeu. En cela, elle est fidèle à l’habitude qu’avait Mozart d’improviser au clavier avant de coucher sur le papier la version finale d’une sonate. Cette intégrale qui s’étend sur plus de six heures, dévoile tous les aspects de la riche personnalité de Mozart, qui « en fin de compte, ne se limite pas à une seule émotion ou à une seule situation », dit-elle. « Il survole de nombreuses émotions et situations et, en ce sens, il est transcendant. C’est un esprit libre. »