Difficile de le deviner en l’écoutant, mais le rappeur au ton décontracté et aux paroles sans pudeur qui atteint le numéro 1 au Billboard 200 avec son deuxième album studio, Bad Habits (2019), est d’origine punjabie. Navraj Singh Goraya change son nom pour NAV quand il lance sa carrière. Né en 1989 de parents ayant immigré de l’Inde, il passe toute son enfance dans une banlieue multiethnique de Toronto. Aux personnes qui s’étonnent de l’entendre aborder crûment des thèmes comme la drogue, le sexe et la dépression, considérant la discrétion habituelle des familles indiennes sur de tels sujets, le rappeur répond qu’il souhaite justement rompre avec ces tabous. Son goût pour la musique lui vient de l’exemple de ses camarades de classe, qui concoctent des mixtapes, et de l’influence de son oncle, un chanteur traditionnel reconnu. Titulaire d’un diplôme en production audio, NAV entame sa carrière derrière les consoles de son, coproduisant le simple « Back To Back » (2015) de son collègue canadien Drake. Au même moment, il se met à diffuser ses premières pièces sur SoundCloud, où « Myself » devient virale en 2016. L’artiste attire l’attention des meilleurs : il signe avec l’étiquette XO Records, fondée par The Weeknd, et collabore avec Gunna et Travis Scott sur son simple « Turks » (2020). On peut aussi le voir faire une apparition dans la vidéo de l’immense succès « Brown Munde » créée par ses confrères indo-canadiens AP Dhillon et Gurinder Gill.