Concentus Musicus Wien

Le Concentus Musicus Wien (Concentus Musicus de Vienne) est depuis longtemps l’un des ensembles musicaux de premier plan spécialisés dans les instruments et les techniques d’époque, avec une immense discographie. Jalonnée de nombreuses récompenses mais aussi de controverses, la carrière d’enregistrement du groupe débute avec Teldec (auparavant Telefunken), en 1963. Les répertoires explorés par le Concentus Musicus suivent curieusement la trajectoire de l’histoire de la musique occidentale. Les premiers programmes du groupe comportent parfois des reconstitutions de musiques médiévales et de la Renaissance. Toutefois, le premier projet d’enregistrement présente les Fantaisies pour ensembles de violes (1680) d’Henry Purcell, et cette formation se fait rapidement connaître pour son interprétation du haut Baroque. Parmi ses nombreuses interprétations acclamées de la musique de J.S. Bach figurent les Concertos brandebourgeois (enregistrés pour la première fois en 1964), les Suites pour orchestre (1966), la Passion selon Saint-Jean (1965), la Messe en si mineur (1968), la Passion selon Saint-Matthieu (1970) ainsi qu’un projet massif pour enregistrer l’intégralité des cantates (entrepris entre 1971 et 1990 avec Gustav Leonhardt). Dans l’intervalle, le groupe participe aux productions zurichoises des trois opéras de Monteverdi dans les années 70 et donne des représentations de Rameau, Telemann, Handel et de nombreux autres compositeurs. Fort de cette expertise approfondie, le Concentus Musicus s’empare du XVIIIe siècle en offrant des interprétations pointues et hautement énergiques des symphonies, œuvres chorales et opéras de Mozart et de Haydn. Il reçoit un Grammy et de multiples prix du Grand Prix du Disque français, du Prix Edison, du Schallplattenpreis allemand et du Preis der Deutschen Schallplattenkritik ; la série des cantates de Bach lui vaut également le Gramophone Award pour « Réalisations spéciales ». La philosophie d’interprétation du Concentus Musicus suit la vision de ses fondateurs Nikolaus et Alice Harnoncourt. L’essai de 1954 de Nikolaus, « De l’interprétation de la musique historique », devient la devise du groupe. Face à ce qu’il considère comme deux approches contradictoires de la musique du passé — soit la transplanter dans le présent et la transformer, soit se transplanter académiquement dans le passé et ainsi perdre le lien avec le présent — son idéal utilise les techniques et les instruments du passé pour recréer une musique contemporaine pleine de vitalité. Il considère l’orchestre baroque comme un instrument « dont le son et la technique nous aident et nous inspirent » pour vivre et faire de la musique au XXe siècle. Les caractéristiques sonores de son approche comprennent un niveau de compétence virtuose sur les instruments anciens, une articulation et un accent musicaux typiques, un système d’accord historique soigneusement choisi et une utilisation créative des éléments spatiaux pour générer un « Dialogue musical ». Nikolaus et Alice Harnoncourt prennent tous deux leur retraite du Concentus Musicus en 2015. Stefan Gottfried remplace Nikolaus en tant que directeur artistique, et Erich Höbarth succède à Alice au premier violon. En 2019, le groupe sort Schubert (Un)finished: Symphony No. 7 in B-flat Major, D 759; Lieder with orchestra, sous la direction de Gottfried, sur le label Aparte.