Pretty Monster

Pretty Monster

The Blue Stones sont considérés comme un duo, mais il serait plus juste de parler de deux groupes en un. Sur scène, Tarek Jafar et Justin Tessier, de Windsor (Ontario), peuvent ériger un énorme mur de bruit avec seulement leur guitare et leur batterie, ce qui leur permet de se tailler une place dans la lignée des puissants duos blues rock du 20e siècle. Sur album, cependant, c’est tout à fait différent. Avec Hidden Gems, sorti en 2021, ils se sont révélés être des omnivores de la pop, truffant leurs chansons de cadences vocales, de détails texturaux et de tics rythmiques inspirés du R&B et du rap d’aujourd’hui. Cette approche axée sur l’accessibilité a fait d’eux des habitués des radios rock des deux côtés de la frontière. « On voulait faire quelque chose qui soit fidèle à l’énergie et au son de nos spectacles », a dit Jafar à Apple Music à propos de leur troisième projet. « Un album plus percutant, plus provocant. » Mission accomplie. Produit par le vétéran Joe Chiccarelli (The Strokes, The White Stripes), Pretty Monster n’abandonne pas les éléments pop des projets précédents, mais les fusionne de manière plus fluide à leurs grooves charnus. Il amplifie également les qualités émotionnelles qui ont toujours fait des Blue Stones plus que de simples marchands de riffs tapageurs. « Dans le passé, pour beaucoup de nos morceaux, on était genre : “OK, prenons cette expérience personnelle et extrapolons pour que les gens complètent avec la leur” », a expliqué Tessier. « Mais sur cet album, on voulait que Tarek les chante en tant qu’expériences personnelles. Les détails deviennent plus compréhensibles, et vous n’avez pas à combler les vides. » Jafar et Tessier décortiquent ici Pretty Monster, pièce par pièce. Healing Tarek Jafar : « Ça parle d’être content·e de tourner la page, et de pouvoir enfin aller de l’avant. On sortait d’une pandémie où tout le monde était coincé à l’intérieur, et on se demandait ce qu’on allait faire. Beaucoup de gens ont traversé des épreuves en plus de la pandémie. Je vivais aussi une rupture, et cette chanson parle du moment où tu peux finalement te regarder dans le miroir et te dire : “Tu sais quoi? T’es correct·e. T’as réussi à t’en sortir, et t’es prêt·e à affronter la suite.” » Don’t Miss T.J. : « Pendant que je l’écrivais, il y avait un petit film qui jouait dans ma tête : un gars dans un bar avec des lunettes de soleil qui a un peu trop bu. C’est le last call, et tout le monde se fait mettre dehors. Donc, cette chanson commence comme une comédie musicale trépidante et arrosée, vue à travers l’objectif de ce soulon qui croit être meilleur que tout le monde. Mais en fait, ça parle de confiance en soi et du sentiment que peu importe ce que tu fais, tu gagnes. » Cards Are Down T.J. : « Ça parle de tout mettre en jeu pour quelque chose qui te passionne. Nous, c’est nos carrières de musiciens. En tant qu’artistes, il y a beaucoup de moments critiques où ça passe ou ça casse. Combien de temps tu vas faire ça jusqu’à ce que tu décides qu’il y a peut-être autre chose que tu voudrais explorer? On se remet constamment en question. Et on continue de faire ce métier parce qu’on aime ça. Mais je voulais aussi mettre en évidence des sentiments liés au doute. Il s’agit de trouver la force de dire : “Je vais tout risquer et mettre cartes sur table. Tu peux voir toute ma main.” » Good Ideas Justin Tessier : « Celle-là a été coécrite par Drew Fulk (alias WZRD BLD) et Tarek. Ils ont créé la ligne de basse à Los Angeles, et quand je l’ai reçue, je me suis dit : “OK, comment développer ça et y apporter ma touche personnelle?” Pour moi, ça signifiait suivre la cadence vocale avec des kicks et des snares. Elle avait déjà une saveur électronique avant que je m’y mette. J’ai vraiment commencé à m’intéresser à la musique électronique, alors je suis heureux de donner cette touche dance à ce que je fais. Je pense que ce genre de coup de pouce était nécessaire pour que les choses continuent d’avancer et soient excitantes. » Stay with Me T.J. : « C’est le morceau rock. En ce qui concerne le choix des chansons, on laisse beaucoup de décisions à un comité composé de nos deux agents et de nous-mêmes. Justin et moi on a dû se battre pour qu’elle reste sur l’album, parce qu’on l’aime tellement. Et puis, on a expérimenté avec ce qui allait devenir la coda cyberpunk cool qu’on a ajoutée à la pièce, avec des 808 et un extrait de Justin qui improvise à la batterie. » What’s It Take to Be Happy? T.J. : « Celle-là est dans une tonalité majeure, ce qui est différent de ce qu’on fait d’habitude. J’ai adopté une approche fantaisiste pour ses paroles et sa composition. C’est à propos de l’éternelle recherche du bonheur. On te dit que l’herbe est plus verte ailleurs, et qu’il y a un certain niveau de succès que tu dois atteindre, et après un certain temps, c’est juste épuisant. La chanson parle de cette quête, mais aussi du moment où tu abandonnes le superflu et où tu traces ton propre chemin. » Let Me Out T.J. : « Sur chaque album qu’on fait, on a tendance à prendre un tas de directions. La seule chose qui relie tout ça, c’est nos racines rock & roll, et cette chanson est un autre exemple de cette influence. » J.T. : « Quand on l’a enregistrée, les cymbales n’étaient pas installées. Dans le refrain, je suis sur une double piste : une cloche à vache et un morceau de tôle de 3/8 de pouce d’épaisseur avec une serviette dessus. On avait remarqué que beaucoup d’artistes hip-hop et pop n’utilisent plus de cymbales, alors on a essayé de suivre ce genre de philosophie. » No Angels T.J. : « Elle a été écrite durant l’été, et on peut constater que j’étais vraiment influencé par la météo. Elle a un groove funky. C’est toujours difficile de prendre quelque chose qui a été créé dans un cadre précis et de le rendre sans perdre son essence. Mais je pense que Joe nous a aidés à atteindre l’équilibre parfait de l’élément disco pop, et ça sonne encore comme Tarek et Justin à la guitare et à la batterie. » Camera Roll T.J. : « Oublier quelqu’un est un processus vraiment long et décousu. Tu peux avoir l’impression d’être passé·e à autre chose après la première semaine, et puis ça te frappe un mois plus tard. Et de nos jours, on a accès à plein de souvenirs du bout des doigts, et c’est parfois difficile de s’en défaire. Le moment où j’ai pu enfin supprimer toutes les photos de mon téléphone a été le signe que j’avais tourné la page et que j’étais prêt à mettre un terme à mon ancienne relation. » Dreams on Me T.J. : « Sur le démo précédent, le refrain était “Put your drinks on me” [librement : “Je te paie ces verres”]. Et quand on est allés l’enregistrer en studio, je me souviens avoir pensé : “Je crois pas qu’on puisse écrire une pièce là-dessus.” Est-ce que c’est un hymne pour les abrutis? J’ai demandé à quelques-unes de mes amies proches ce qu’elles en pensaient : “Est-ce que c’est une chanson sur les prédateurs?” Elles ont pas trouvé que c’était le cas, mais on a tout de même senti qu’on devait changer le message. Et ça a fini par devenir quelque chose de beaucoup plus sain. Ça parle de ce que tu ressens dans une relation quand t’es avec quelqu’un qui te rend heureux·se, et que tu veux l’aider à réaliser ses rêves. »

Choisissez un pays ou une région

Afrique, Moyen‑Orient et Inde

Asie‑Pacifique

Europe

Amérique latine et Caraïbes

États‑Unis et Canada