The Jaws of Life

The Jaws of Life

« Quand on a commencé à faire cet album, et pendant une bonne partie de sa conception, c’était comme si la vie voulait m’engloutir. » C’est ce qu’a dit Vic Fuentes, le chanteur et guitariste de Pierce the Veil, à propos de la cinquième parution de la formation post-hardcore de San Diego. « C’était un test, il fallait que je montre ce que j’avais dans le ventre. J’avais l’impression d’être coincé ou paralysé, comme si quelque chose était en train de me dévorer. » Ce sentiment, l’artiste et les autres musiciens – le bassiste Jaime Preciado et le guitariste Tony Perry – savent que beaucoup de gens l’ont ressenti en traversant la pandémie. « Je pense que ce projet nous a permis de passer le cap non seulement sur le plan personnel, mais aussi en tant que groupe », a expliqué Fuentes à Apple Music. « C’est la création qui nous a fait renaître. On s’est battus pour aller mieux, on ne s’est pas contentés d’attendre sagement, on a dû creuser, gratter la terre et se frayer un chemin pour se sentir à nouveau humains. » De quoi nous renseigner sur le titre de l’offrande, The Jaws Of Life [librement : « Les mâchoires de vie »]. « C’est un instrument destiné à sauver les gens, à les sortir du trouble », a-t-il ajouté. Ici, Vic Fuentes nous en dit plus long sur chaque pièce. Death Of An Executioner « Avec cette chanson, j’ai les images d’une voiture qui me suit, comme dans le clip de Radiohead pour “Karma Police”. Je sens les phares se rapprocher lentement dans mon dos. Ça symbolise les réseaux sociaux, ces gens qui croient en la perfection et qui attendent que vous fassiez une erreur pour vous renverser et vous détruire. J’aime ce titre, “Death Of An Executioner” [librement : « Mort d’un bourreau »], parce qu’il signifie qu’on tue la personne qui essaie de nous tuer. » Pass The Nirvana « Chaque fois qu’on a joué ce morceau en spectacle, je l’ai dédié aux jeunes qui n’avaient pas eu de bal de finissant·es ou de remise de diplômes. Ça passe en revue tout ce que la jeunesse américaine a traversé en si peu de temps. Je me dis qu’ils et elles seront traumatisé·es par la COVID, la tentative d’insurrection ou les fusillades dans les écoles. C’est juste trop. “Pass The Nirvana” parle de retrouver un peu d’optimisme après tout ça. » Even When I’m Not With You « Tout a commencé par un message que j’ai reçu de mon agente, qui disait : “Même quand je ne suis pas près de toi, je suis avec toi.” Je traversais une période difficile, et ces mots magnifiques m’ont réconforté. J’étais tellement touché que j’ai noté ce message, puis ça a donné une chanson sur l’engagement et le fait de rester connecté·es quand on s’aime, même quand on est physiquement loin. Je l’ai dédiée à ma femme, car ça me rappelle qu’on est toujours liés l’un à l’autre, peu importe où je suis. » Emergency Contact « Quand on est jeune et qu’on se retrouve à l’hôpital, la personne à contacter en cas d’urgence est toujours un de nos parents ou notre tuteur·rice. Puis ça change quand on vieillit : c’est notre femme ou la personne qui partage notre vie. S’il m’arrivait quelque chose, c’est ma femme qui me viendrait en aide. J’ai enregistré ce morceau à Seattle, dans l’incroyable maison centenaire de Mike [Herrera] de MxPx. » Flawless Execution « Celle-ci est assez difficile à décrire. Elle parle des gens qui brouillent les pistes entre l’amour et le sexe. Un peu comme quand on se laisse manipuler parce qu’on souhaite se rapprocher à tout prix de quelqu’un. On veut tellement être aimé·e qu’on tolère tout, comme dans la chanson de Bill Withers “Use Me” [librement : “Utilise-moi”]. Ça évoque les extrêmes qu’on est prêt·e à subir pour être accepté·e. À force de toujours chercher l’approbation de quelqu’un, on finit par faire de mauvais choix. » The Jaws Of Life « Elle parle de se libérer de l’emprise de l’existence et de trouver sa voie. Je dis à un moment que j’ai un fun noir à me faire griller au soleil, à l’intérieur des mâchoires de vie. Comme si j’essayais d’accepter ma situation, pour me sentir de nouveau heureux. Je continue ma route, et je sais que l’espoir est permis. Musicalement, c’est une pièce très années 90 et j’en suis super content. Le couplet évoque Tripping Daisy ou Superdrag; je pensais beaucoup à leur morceau “Sucked Out” en écrivant celle-ci. » Damn The Man, Save The Empire « Ça faisait des années que je voulais utiliser ce titre, mais ça ne marchait jamais. C’est une réplique d’un de mes films préférés, Empire Records. Les paroles disent qu’on ne peut pas prétendre connaître une personne à moins d’avoir passé du temps avec elle. C’est ce que je ressens parfois quand les gens suivent le groupe sur les réseaux et qu’ils pensent m’avoir cerné, alors qu’ils voient juste ce que je veux bien leur montrer; ils n’ont pas accès à tout ce que je suis. C’est un rappel du côté superficiel de tout ça. » Resilience « Là, j’ai imaginé la scène de film classique où on voit une main sortir de terre, et la personne enterrée vivante qui commence à refaire surface. On gratte pour sortir de son trou, et quand on perçoit enfin la lumière, nos yeux doivent s’adapter. Et une de mes plus grandes fiertés sur cet album, c’est qu’on a pu mettre une réplique de Dazed and Confused [La tête dans les nuages] au début de la chanson. On a eu l’autorisation des comédien·nes. C’est une belle victoire! » Irrational Fears « C’est un interlude pour se mettre dans l’ambiance de la prochaine chanson. On s’est inspirés de la première scène du film Garden State, avec Zach Braff, quand il est dans un avion sur le point de s’écraser et qu’il reste super calme alors que tous les passager·ères paniquent. On a planté le décor avec l’hôtesse de l’air britannique qui raconte des choses flippantes d’une voix guillerette. C’est Jaime qui a composé la musique, et mon amie comédienne de doublage a enregistré sa voix à Londres. C’était un défi le fun, et je suis vraiment fier du résultat. » Shared Trauma « Le titre parle de lui-même. Je suis sûr que vivre un événement traumatisant avec quelqu’un permet de créer un lien particulièrement puissant entre deux personnes. Le fait de savoir que vous avez partagé cette épreuve ensemble vous lie pour toujours. Je trouve ça magnifique que quelque chose de positif ressorte d’une mauvaise passe. On a composé la musique collectivement à partir d’un beat analogique monté en boucle que Jaime m’avait envoyé. J’ai vraiment eu du fun à l’écrire. » So Far So Fake « On a créé celle-ci en 2017; ça fait longtemps! C’est une des seules pièces qu’on a gardées après les premières séances d’écriture qui datent d’avant la pandémie. Ça parle de quand quelqu’un qu’on considérait comme un·e ami·e nous trahit, et que la blessure ne se referme pas, car les excuses ne suffisent pas. On a le sentiment que ça ne sera jamais réglé. On ressent de la colère, de la frustration, c’est un sujet sensible. Mais je veux toujours écrire sur les choses qui m’affectent. » 12 Fractures (feat. chloe moriondo) « Elle s’appelait “12 Fractures” avant d’être la 12e pièce de l’album; on ne l’a pas fait exprès. En fin de compte, je suis content, mais c’est un peu mêlant aussi. Je suis en train de vérifier que ce n’est pas juste écrit “Fractures” sur le vinyle. Ça raconte l’histoire très personnelle de quelqu’un de proche qui a divorcé. J’ai vu deux de mes personnes préférées au monde être anéanties. Quand ce genre de chose arrive, on a l’impression de perdre un·e membre de sa famille. C’est extrêmement difficile, même quand on est seulement témoin. C’était cool de collaborer avec chloe pour faire vivre cette histoire. Je l’admire, et je trouve qu’elle a fait une super job. »

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