Jul

Sur une scène rap française grandement marquée par l’héritage du boom-bap des années 90, Jul a pris le temps de forger sa propre identité. Né dans une famille ouvrière en 1990, le jeune Marseillais, Julien Marie de son vrai nom, commence à rapper très tôt. Quand il est renvoyé du lycée professionnel à 17 ans, il a déjà cinq ans de rap au compteur, notamment au sein du crew Ghetto Phénomène. Après avoir bossé pour son père pendant une courte période, il décide alors de se vouer corps et âme à sa seule passion : la musique. En 2014, lors de la sortie de son premier album Dans ma paranoïa, il fait déjà sensation avec un style qu’il définit comme « survêt-claquettes-soufflette » – une attitude simple qui tranche avec les rappeurs bling-bling qui en mettent plein la vue. Alors que beaucoup d’entre eux se contentent de prolonger ce qui se faisait déjà, il se démarque par son utilisation sans limites de l’Auto-Tune, influencé par l’une de ses idoles, Future. Refusant de se conformer aux beats old school, il s’ouvre également à l’EDM et livre des titres dansants aux tempos frénétiques. Enfin, si aujourd’hui les sons de l’afrobeats sont devenus incontournables, c’est aussi un peu grâce à lui. Il a été en effet l’un des premiers à se tourner vers cette scène, en collaborant avec des producteurs franco-africains tels que DJ Babs ou en utilisant des instruments traditionnels, comme la kora dans son banger de 2016, « Tchikita ». Et le public français en redemande ! Jouant sur son image je-m’en-foutiste – après tout, il nomme certains de ses albums La Tête dans les nuages (2017) ou C’est pas des LOL (2019) –, Jul est en réalité un bosseur acharné. Rien que l’année de ses débuts, il sort pas moins de trois projets, qui décrochent tous de l’or ou de la platine. Loin des rythmes traditionnels de l’industrie, il multiplie les sorties à vitesse grand V et se construit une énorme fan base grâce aux réseaux sociaux, en marge des médias traditionnels. Généreux, il met à disposition plusieurs de ses projets gratuitement sur le net, afin d’en faire profiter certains de ses amis incarcérés. Gardien de sa liberté créative, il fonde également son propre label, D’or et de platine, en 2015. Couronné plus gros vendeur de l’histoire du rap français en 2020, il influence toute une génération d’artistes et de fans avec son approche indépendante et décalée.