S’il est souvent question de gangsta-attitude dans le rap hexagonal, personne n’en épouse les contours avec autant d’authenticité que Lacrim. Né à Paris en 1985 de parents algériens, Karim Zenoud est déscolarisé dès l’âge de 11 ans et vit une adolescence chaotique qui le voit enchaîner les aller-retours en foyer, avant de connaître la prison quelques années plus tard suite à des braquages. C’est à Marseille, où il emménage en 2009, qu’il fait ses débuts dans le rap, en collaborant avec Mister You sur des premières sorties qu’il distribue dans des boîtiers agrémentés de barrettes de cannabis. Ses nombreuses incarcérations dans les années 2010 n’entament en rien sa carrière, le MC continuant à imprimer une cadence soutenue de sorties depuis sa cellule, qui seront confirmées par une signature sur le prestigieux label Def Jam dès sa libération. Son premier album Corleone paraît en 2014 et connaît un franc succès commercial, mais il est à nouveau condamné à trois années de réclusion et entame une cavale au Maroc particulièrement suivie, qui s’achève par sa reddition à la police française. À sa sortie de prison, il continue à multiplier les projets, lançant son propre label Plata O Plomo, et sortant un double album en 2019 (intitulé LACRIM) où figurent des featurings avec Snoop Dogg et Rick Ross. Si les déboires judiciaires de Lacrim font partie intégrante du personnage qu’il a façonné, le MC s’est peu à peu distancié de l’étiquette de gangster qui lui colle à la peau. Son style a également évolué au fil des années vers des sonorités plus pop et R&B, avec notamment une utilisation de plus en plus régulière du vocoder, tout en conservant une signature sonore marquée par le même flow rugueux et saccadé, parsemé de punchlines retraçant son expérience de la rue et de la prison. L’intégrité de sa démarche artistique transparaît tout au long de sa discographie, et l’a hissé au sommet du hip-hop français.