Avant de devenir le porte-voix d’une génération de mésadaptés et de marginaux, Kid Cudi nourrit des ambitions qu’on pourrait qualifier de classiques. Dans son Cleveland natal, Scott Ramon Seguro Mescudi, de son vrai nom, ne rêve que d’une chose : déménager à New York, épicentre de la planète hip-hop. Après avoir été renvoyé de son école secondaire, le jeune homme met son plan à exécution et débarque à Brooklyn, où il est accueilli par la maison de disques Fool’s Gold. Son premier simple, « Day ‘n’ Nite » (2008), remporte un succès immédiat et annonce un vent de changement qui va transformer la scène rap des prochaines années. À la fois accrocheur et introspectif, le style Cudi s’appuie sur une recherche musicale constante, qui ne se soucie guère des frontières de genre, et sur une candeur émotive très loin de la confiance arrogante qui est le lot de bien des rappeurs. Recruté par G.O.O.D. Music, l’étiquette de Kanye West, Cudi devient un collaborateur plus qu’un employé, travaillant à l’écriture de plusieurs chansons de son patron sur l’album 808s & Heartbreak. Au fil des ans, Cudi raffine son approche artistique et laisse toute la place à ses ambitions avec des projets de plus en plus complexes, souvent déclinés en plusieurs parties. Il prend des chemins de traverse, explorant un son indie rock au sein du groupe WZRD, qu’il fonde avec son complice de longue date, le producteur Dot Da Genius. Après une période trouble marquée par l’anxiété et la dépression, il lance en 2016 Passion, Pain & Demon Slayin’. En 2018, il rejoint son mentor Kanye West au sein de KIDS SEE GHOSTS, une œuvre plus émotive, crue et spontanée, dans laquelle les deux hommes livrent sans filtre leurs réflexions sur l’abandon, la santé mentale et le prix de la célébrité. La délicate « Reborn », dont Cudi s’approprie le refrain, a des airs de mantra réconfortant (« la paix commence en moi », chante-t-il), qui invite l’auditeur à « continuer d’avancer » face à l’adversité. Comme dans chacun de ses projets, Kid Cudi y dévoile sa conviction profonde envers le pouvoir transformateur de la musique. « Nous avons besoin de ressentir la musique tout autour de nous, nous devons carrément y nager », a-t-il déclaré à Apple Music. « La seule façon d’arriver à cet état de grâce est de collaborer avec des gens qui partagent les mêmes idées et la même mission. »