Pour déjouer l'ennui

Pour déjouer l'ennui

C’est la fin d’un cycle, l’œuvre ultime d’un projet de trois albums sur trois ans. Après La science du cœur, opus primé en 2017 et l’explosif Ton corps est déjà froid (avec Les Beaux Sans-Cœur) en 2018, le prolifique Pierre Lapointe lance Pour déjouer l’ennui, un album apaisant, enveloppant, à mille lieues des grandes envolées orchestrales qui tissent la trame de plusieurs de ses chansons. « C’est mon album de berceuses pour petits enfants devenus grands. J’avais le désir de faire quelque chose de plus doux, pas de piano, que des instruments à cordes, un peu de percussions, mais pas tant. Je voulais recréer l’idée d’un feu de camp », explique l’artiste à Apple Music. « C’est l’amour mur à mur. Les auteurs, on parle toujours de la même affaire toute notre vie. L’amour et la mort, ce sont mes deux thèmes les plus importants. » De l’émouvante « Tatouage » jusqu’à la nostalgique « Vendredi 13 », plongez dans le tumulte romanesque de Pour déjouer l’ennui, pièce par pièce. Tatouage « C’est comme une comptine que je chante pour un enfant. Au fond, ça dit : même si je ne suis plus là un jour, je vais tellement t’aimer que les jours où tu n’iras pas bien, tu pourras juste t’en souvenir et ça va te rassurer. Tatoué, marqué sur la peau, pour moi, c’est une façon de dire que dans ton âme, je vais laisser une trace tellement forte que tu ne te sentiras jamais seul. C’est une pièce qui parle aussi de ma manière d’aborder l’amitié. » La plus belle des maisons « J’ai déjà fait ce morceau sur Paris tristesse [en 2015] en version piano-voix. C’était très bien, mais quand je l’ai écrit, je l’entendais dans ma tête comme il apparaît ici. Donc, je me suis permis de le republier avec des arrangements plus étoffés. C’est une vraie belle chanson d’amour triste, un amour qui n’a évidemment pas fonctionné. Elle m’a toujours fait beaucoup de bien, car étrangement, même si elle décrit une situation très souffrante, elle m’apaise. Pour moi, c’est une pièce importante dans mon répertoire, donc ça me faisait plaisir de la reprendre. Elle a été la bougie d’allumage pour tout le projet. » Pour déjouer l’ennui « Celle-là, je l’ai faite avec Julien Chiasson et Hubert Lenoir. Ils m’ont envoyé une ébauche, puis je les ai rencontrés à Québec il y a quatre ans et on a travaillé dessus. Cette phrase qu’ils ont écrite dans la chanson, c’est devenu le titre de l’album. C’est comme un ennui mélancolique, mais un ennui qui fait du bien. Le thème est arrivé par eux, j’ai rafistolé les affaires, j’ai ajouté des mots, j’ai restructuré un peu, on l’a retravaillée, j’ai trouvé le pont de la fin… Mais c’est vraiment une collaboration à trois. » Un cœur qui saigne « C’est un texte que j’ai d’abord envoyé à Félix Dyotte, mais il n’a pas réagi alors je l’ai envoyé à David François Moreau. Ça a donné “Un cœur”, chanson qui s’est retrouvée sur La science du cœur [en 2017]. Puis, Félix m’est revenu en me disant : “Ça y est, j’ai une musique sur ton texte.” J’ai fait : “Ben il est trop tard!” Mais je l’ai écoutée et je me suis dit : “C’est trop bon.” Ce qui est drôle c’est que, quand j’ai envoyé mon texte à David, il était beaucoup plus long que ça; il en a coupé le tiers, et Félix, lui, la moitié. Les deux pièces sont complètement différentes, mais je pense qu’elles ont autant de valeur l’une que l’autre. Donc celle-là, c’est une collaboration avec Félix Dyotte. C’est lui qui a composé cette magnifique mélodie. » Le monarque des Indes « C’est une histoire d’amour très courte que j’ai vécue avec quelqu’un. J’étais dans l’avion, je m’en allais à Paris, on venait de vivre un petit moment ensemble qui était très le fun, on ne savait pas ce qui allait arriver. J’ai commencé à noter tout ça dans mon téléphone, et quand je me suis retrouvé chez Albin de la Simone (mon producteur), on s’est décidé à faire une chanson. J’ai sorti les quelques phrases que j’avais écrites et on a fait la musique vraiment rapidement. Pour moi, c’est LA pièce de l’album. C’est celle qui accroche tout le monde à la première écoute. Ça parle aussi de vernis à ongles, car oui, il m’arrive de mettre du vernis à ongles, et avec ce gars-là, on en a mis souvent! » Amour bohême « Amélie Mandeville m’accompagnait en tournée avec Félix Dyotte, on discutait et je leur ai dit : “C’est un peu con, on est chacun de nous comme des petites usines à chansons, pis on ne fait rien! On peut se dire qu’on va écrire une pièce par semaine, genre, pendant qu’on est en tournée?” Finalement, on a juste réussi à en écrire une! Mais cette chanson-là, c’est vraiment la rencontre, c’est comme une trace de cette tournée que j’ai faite avec eux. » Amour ou songe « Celle-là, j’ai fait paroles et musique, mais je l’ai créée pour mon participant de La voix de ma dernière année, David Marino, qui passait en finale. C’est un chanteur extraordinaire, avec une voix hallucinante, et qui a un visage et un physique de jeune premier. J’ai toujours été fasciné par les chansons de Disney, par celles des années 40-50-60, et aussi par certaines de Michel Legrand. C’est une espèce de romantisme très enfantin, super naïf, une vision romanesque de l’amour. J’ai voulu décrire ça, et pour la mélodie, j’ai fait un truc très Disney, comme une sorte de pastiche de cette époque-là, et on l’a arrangée avec des guitares. » Dis-moi je ne sais pas « C’est une chanson que j’ai faite à distance avec Albin de la Simone. Ça parle de la jalousie qu’on peut ressentir des fois, parce qu’il y a des gens pour qui la vie a l’air tellement facile et naturelle… Ça me fait rire car je peux moi aussi dégager ça, même si ce n’est pas le cas. Les arrangements d’Albin rappellent un peu la musique antillaise, mais c’est très proche de la musique française. » Je connais le chemin « Ça recoupe un peu ce que je dis dans “Tous les visages”, une chanson sur La forêt des mal-aimés [2006]. On rencontre des gens et souvent, quand ça clique avec quelqu’un, c’est qu’on comprend très vite cette personne-là, ses malaises, les zones où on peut aller ou pas. Moi je m’amuse avec ça, que ce soit en amitié, en amour, au travail. Ça dit : regarde, baisse les bras et fais juste être qui tu es, avec tous tes défauts et tes qualités pis si t’es game, on va se mettre côte à côte pis on va avoir ben du fun. C’est une volonté d’être devant quelqu’un sans barrières, sans masque. » Vivre ma peine « C’est un texte que j’ai envoyé à Daniel Bélanger, qui a fait la musique. Ça dit que mieux vaut être intègre face à ce qu’on ressent que de vouloir jouer un jeu, parce qu’au final, on gagne toujours à être honnête avec soi-même. » Qu’est-ce qu’on y peut? « J’ai rencontré Clara [Luciani] il y a un peu plus d’un an, et ça a cliqué très rapidement. Je lui ai dit : “J’aimerais ça travailler avec toi.” On ne s’est jamais concerté sur ce qu’on voulait dire, on a juste commencé à écrire des phrases, à lancer des mélodies… C’est drôle parce que naturellement, on a placé nos voix sans y penser, elle qui chantait très bas et moi très haut. C’est l’histoire d’une passion entre deux personnes qui se rencontrent et qui s’abandonnent l’une à l’autre, et on sent cet abandon, autant dans la musique que dans le texte et l’interprétation. » Vendredi 13 « C’est une pièce écrite et composée par Philippe B. J’ai beaucoup d’admiration pour lui, donc je lui ai dit : “Fais-moi un cadeau, écris-moi une chanson. Je vais être une fois dans ma vie l’interprète de l’œuvre de quelqu’un d’autre.” Je lui ai demandé de décrire un moment intime de ma vie qu’il pensait que je n’oserais pas révéler. Comme il me connaît assez bien, je peux me l’approprier facilement. Ça parle des premiers amours d’adolescence. On a décidé de finir l’album avec cette pièce, car c’est comme une fin ouverte. »

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