Our Roots Run Deep

Our Roots Run Deep

Dominique Fils-Aimé amorce une nouvelle trilogie avec Our Roots Run Deep, une offrande verdoyante où sa voix se déploie en ramifications organiques. Pour Nameless (2018), Stay Tuned! (2019) et Three Little Words (2021), l’artiste québécoise s’est nourrie de l’histoire musicale afro-américaine, des chants d’esclaves à la naissance du hip-hop. Dans ce nouveau chapitre, elle résiste au désenchantement du monde en affirmant ses valeurs avec force, douceur et courage. « Je crois qu’on doit se donner de l’espace et du temps, pour approfondir les connexions qui nous lient », a-t-elle confié à Apple Music. « Notre évolution est une petite spirale et il faut se donner le droit de grandir tranquillement, comme les plantes dont on s’émerveille de chaque nouvelle feuille. » Ses chansons naissent de sa voix, « cet instrument qu’on a toujours avec soi » et qui lui permet, par la répétition, de créer d’envoûtants mantras. « Pour moi, la musique, c’est méditatif et thérapeutique. Harmoniser et répéter des airs me met dans un état vraiment agréable », a-t-elle expliqué. La créatrice nous guide pièce par pièce au fil de cet album lumineux, dont l’enchaînement des titres de chansons – qui comptent tous quatre mots – est comme un poème. Our Roots Run Deep « Quand on regarde une forêt, on peut avoir l’impression de voir plusieurs arbres séparés. Mais on réalise grâce à la science qu’il existe un système souterrain ultra complexe. Ça communique, ça se nourrit, ça se soutient, ça prévient. J’ai l’impression qu’on est peut-être pareils, nous les humains. Il y a un réseau de connexions qu’on ne voit pas, mais qu’on ressent. Les grands arbres d’une forêt vont nourrir les plus petits, en prenant la lumière et en leur redonnant, et c’est comme ça que je vois la force de l’héritage de mes ancêtres, dans laquelle je vais puiser parfois. » Hide From The Drama « Ici, “hide” ne veut pas dire “éviter” mais “refuser”. Pour vrai, le drame, je suis pas capable. Un ancien gérant m’a déjà dit que j’allais devoir créer un narratif autour de moi, parler de mes relations personnelles, créer des tensions avec d’autres artistes, nourrir les tabloïds, et j’avais la conviction que je pouvais réussir sans faire ça. Il voulait m’amener dans un autre monde et je suis tellement contente de m’être enfuie. Moi, c’est pas ma “vibe”. » Just Let Me Go « Les gens vont avoir l’impression que plusieurs chansons de l’album parlent de relations amoureuses, mais je crois que tous les enjeux qui s’appliquent aux relations externes trouvent aussi une résonance à l’intérieur de nous. Il y a des réflexes qui appartiennent au passé dont on aurait envie de se débarrasser, d’anciennes versions de nous-mêmes qui s’agrippent à nous. Dans celle-là, je demande à une partie de moi de me laisser poursuivre mon chemin. » To Walk A Way « C’est la continuité de “Just Let Me Go”. Je voulais explorer une forme de reprise de contrôle dans la joie. On peut demander à quelqu’un de nous lâcher, mais on a aussi le pouvoir de s’en aller. Le déclic qui se produit quand on réalise ça, c’est déjà une forme de libération. » Or Let It Burn « La ville en feu dont je parle dans cette chanson-là, ce sont des vestiges du passé, les structures qui n’ont plus vraiment leur place. “Just Let Me Go” dit “je suis une victime”, “To Walk A Way” dit “je suis toute-puissante” et “Or Let It Burn” est un retour de balancier. On réalise qu’on n’est pas seul·e et on réalise l’importance de l’environnement qu’on construit autour de nous. J’imaginais une ville dont toutes les structures sont appuyées sur la haine qui brûle au loin, pendant qu’on avance vers une cité construite dans un baobab géant, où tout serait organique. » Give Me A Reason « Il y a un clin d’œil à Tracy Chapman et à Portishead, qui ont fait des chansons où on entend ces mots. Elles sont drastiquement différentes, mais elles m’ont beaucoup habitée. J’avais envie d’explorer ce moment où on veut passer à autre chose, mais où on a besoin d’une ultime justification pour agir. Mon trompettiste Hichem [Khalfa] a amené un “walking pace” avec une touche de jazz et une liberté que j’adore. » Some Room To Breathe « On sous-estime le pouvoir de la respiration, qui nous aide à avancer, à se reconnecter et à s’apaiser. Ça a un impact énorme sur notre état mental. Je nous ai toujours vu·es comme un mélange des quatre éléments : on est poussière et on retournera à la poussière, on respire, on pleure, et pour moi le feu est la force qui nous habite et nous pousse à avancer. Il y a aussi un cinquième élément, l’amour, qui connecte tout et tout le monde. » The Voices (Intro Vibes)/Quiet Down The Voices « Techniquement, ça aurait dû être une seule chanson. Je voulais d’abord préparer le terrain pour indiquer qu’on entre dans une zone de méditation, puis inviter les gens qui en ont besoin à laisser les voix qui se construisent dans la pièce prendre la place de celles qui se bousculent dans leur tête. Je crois qu’il y a plus de 500 tracks de voix, avec juste un soupçon de didjeridoo. » Cheers To New Beginnings « Quand on franchit une étape, on ressent un mélange de nostalgie et d’excitation pour le futur. C’est pour ça qu’au milieu de cette chanson, il y a une sorte de flip, de point pivot, et qu’à la fin la trompette fait exploser la joie. On oublie souvent de célébrer nos réalisations, parce qu’on est déjà concentré·e sur la suite, mais c’est hyper important. » Love Will Grow Back « Sur l’album précédent [Three Little Words] il y avait “Love Take Over”, qui parle de mon rêve que l’amour prenne le dessus sur tout. Je n’osais pas trop l’aborder dans la première trilogie, parce que je sais que certaines personnes peuvent trouver mes croyances un peu ésotériques. Mais j’ai envie d’être plus courageuse à propos de qui je suis et de ce qui m’anime. Il faut cultiver l’amour en nous et avoir le courage de le faire grandir dans un monde où, parfois, c’est vu comme quelque chose d’idéaliste. » My Mind At Ease « Il y a plusieurs voix dans nos têtes et, pour moi, il y en a une seule qui sait vraiment qui on est. Les autres se nourrissent de l’anxiété, de moments de notre enfance. Sur les médias sociaux, on présente toujours notre meilleur côté, souriant, toujours content, et c’est pas sain. Cette pièce, c’était ma façon d’ouvrir la conversation en public, pour m’adresser à tout ce qui se bouscule en nous et reprendre le contrôle. » Feeling Like A Plant « Après avoir exploré mes racines, je m’étire vers le soleil. Je voulais partir des profondeurs pour me rendre aux petites feuilles tout en haut des arbres. Souvent je me sens comme ces petites feuilles là. J’ai envie de faire des siestes au soleil, de me nourrir de ses rayons pour me ressourcer. Regarder un arbre, c’est tellement simple, fluide et apaisant : c’est toujours l’image que j’ai en tête quand je médite. » Let Me Go (Bonus) « Quand j’ai donné la chanson “Just Let Me Go” à Jacques Roy, mon producteur, je n’avais pas encore mis les percussions. Il a entendu le “1” de la rythmique à un endroit complètement différent de ce que j’imaginais. C’est un musicien hors pair et sa version méritait d’exister, alors on lui a donné sa place, à la toute fin du cycle. »

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