Destroyer (45th Anniversary Super Deluxe)

Destroyer (45th Anniversary Super Deluxe)

Quand Kiss est entré en studio en 1975 dans la foulée de Alive!, son très populaire album enregistré en concert, les membres de la formation ont fait appel à Bob Ezrin, l’homme qui avait aidé Alice Cooper à devenir l’un des plus grands noms du rock. « On était loin de se douter que ça serait comme retourner à l’école », se souvient le bassiste et chanteur de Kiss, Gene Simmons, en entrevue avec Apple Music. « À l’époque, on était juste un groupe de garage, on avait appris nos instruments sur le tas. Ezrin avait carrément un sifflet autour du cou et il faisait enrager Peter [Criss] parce qu’il frappait sur une boîte en carton avec une baguette pour l’aider à garder le tempo. Paul [Stanley] et moi, on accordait nos guitares à l’oreille, mais Ezrin nous a montré comment faire de façon harmonique. » Destroyer aurait été un album très différent, n’eût été de Bob Ezrin. Comme on peut l’entendre sur l’édition 45e anniversaire super « deluxe », Simmons et Stanley avaient enregistré une bonne douzaine de démos qui ne se sont pas rendus au fil d’arrivée. « Il a démoli nos chansons », se rappelle Simmons. « J’avais écrit un truc qui s’appelait “Mad Dog”, mais Ezrin aimait juste un des riffs, alors il l’a pris et l’a intégré dans “Flaming Youth”. Il y a pas mal de pièces Frankenstein dans ce genre-là, mais c’est comme la différence entre une chenille et un papillon; ils sont complètement différents, mais ça reste le même insecte. Le papillon est juste une version évoluée. C’est pareil pour Destroyer – c’est encore une chenille, mais avec des ailes et des belles couleurs. » Simmons nous propose ses commentaires sur chacune des pièces de l’album. Detroit Rock City « On écrivait chacun de notre côté, Paul et moi, dans ce temps-là. On s’était tous les deux trouvé un petit studio où on enregistrait des démos. C’est Paul qui a composé les bases de “Detroit Rock City”. Il avait la section A et la section B, mais ça manquait d’air, les paroles se bousculaient. C’est Ezrin qui a remis de l’espace dans le texte et qui a fait de la place pour la basse. En fait, pour être honnête, c’est Ezrin qui a trouvé la ligne de basse, et c’est lui qui chante la mélodie et les harmonies durant le solo de batterie. Un vrai tour de force, un visionnaire. » King Of The Night Time World « Ça, c’était un démo de Kim Fowley que Bob avait trouvé. Il a tout de suite vu l’aspect épique de la chanson, à commencer par son titre. On lui a dit qu’on ne jouait pas le matériel des autres, donc il a accepté de faire un compromis. On l’a modifiée un peu, mais c’est clair qu’il y a une version originale de “King Of The Night Time World”. La pièce de l’album est excellente. L’arrangement et la réverbération juste avant qu’il embarque, c’est très symphonique. Ou moins rock, je dirais. » God Of Thunder « Paul et moi, on s’agaçait tout le temps sur le genre de chansons qu’on écrivait. Il me disait que je faisais juste parler de monstres et de trucs du genre. Lui n’arrêtait pas d’utiliser le mot “love” dans ses titres, j’étais tanné. Un jour, Paul est arrivé avec “God Of Thunder”. Ezrin l’a écoutée et il a dit : “C’est excellent, c’est Gene qui va la chanter.” Paul a failli faire une syncope. Il a lancé : “Mais pourquoi?” Ezrin lui a répondu : “Parce que t’es pas le dieu du tonnerre.” C’était brutal, mais Ezrin avait raison. Avec tout le respect que je lui dois, je peux pas imaginer Paul chanter ça. C’est un personnage totalement différent de lui. C’est comme si Ozzy chantait “Like a Virgin”. Il faut que les mots sonnent comme si tu étais habitué de les dire. » Great Expectations « J’ai toujours écrit sans me demander si c’était du Kiss ou pas. “Great Expectations” vient d’une autre chanson que j’avais commencé à créer qui s’appelait “I Am a New Man”. Une des phrases était : “I am a new man, born in the ashes of ruin, born in the meadows of lies” [librement : “Je suis un homme nouveau, né dans les cendres de la destruction, né dans des prairies de mensonges”]. Mêmes accords, même mélodie. Je sais pas trop pourquoi, mais j’ai décidé de la réécrire en pensant à un fan. Je pensais jamais composer quelque chose comme “Great Expectations”, mais je l’ai présentée à Ezrin parmi les 30 ou 40 chansons que j’avais – j’écris toujours trop… Finalement, il l’a aimée, et c’était son idée d’ajouter la chorale d’enfants. » Flaming Youth « Ezrin avait loué un appartement de l’autre côté de la rue où Paul habitait à New York. Il avait un piano et on se réunissait chez lui pour faire de la musique. C’est là que “Flaming Youth” et “Shout It Out Loud” sont nées. Paul et moi on a commencé à gratter nos guitares bien avant de trouver les titres. » Sweet Pain « Le sadomasochisme m’a toujours fasciné. “Je mange une volée et j’adore ça.” Je comprends juste pas. C’est de là que la pièce vient. La phrase “sweet pain, my love will drive you insane” [librement : “douce douleur, mon amour va te rendre folle”] m’est venue en tête et le reste de la chanson s’est écrit tout seul. C’est Dick Wagner qui a joué le solo parce qu’Ace [Frehley] jouait aux cartes chez lui dans le Nord de l’État de New York. C’est du calibre de “le chien a mangé mon devoir” comme excuse pour pas être là! J’aurais vraiment été enragé si j’avais pas autant aimé Ace, mais fidèle à lui-même, c’est lui qui était fâché parce qu’on avait pas tout arrêté juste pour lui et ses raisons de merde. » Shout It Out Loud « Pour la petite histoire, le groupe dans lequel Paul et moi on jouait avant Kiss, Wicked Lester, avait écrit une pièce que The Hollies – imaginez! – devait enregistrer, mais ça n’est finalement pas arrivé. Elle s’appelait “We Want to Shout It Out Loud”. Ça parle d’une histoire d’amour clandestine. La mélodie a refait surface une fois qu’on faisait de la musique chez Bob. J’ai chanté le refrain et après ça on a sorti plein de phrases. Tout d’un coup, c’était devenu une chanson sur l’exubérance de la vie plutôt que sur une histoire d’amour. » Beth « On venait de jouer à Flint, dans le Michigan, et on s’en allait à Cadillac pour la Journée Kiss où la ville au complet allait se maquiller. Peter et moi on était dans une limousine, Ace et Paul étaient dans une autre. En chemin, Peter s’est mis à chanter “Beck, I hear you calling” [librement : “Beck, j’entends ton appel”]. J’ai dit : “C’est beau, ça. C’est quoi?” Il m’a répondu que c’était un truc de son cru qui s’appelait “Beck”. Je lui ai suggéré de la chanter à Ezrin, mais de changer le titre pour “Beth”, qui sonne plus doux que Beck, un diminutif du nom Becky. Ezrin l’a adorée et il l’a jouée au piano en plus d’ajouter un concerto pour piano de Mozart qui était du domaine public au milieu de la chanson. C’est comme ça que “Beth” est née. Sauf que Peter n’avait rien à voir avec ce morceau-là. C’est Stan Penridge, le guitariste d’un groupe qui s’appelait Chelsea [dont Peter avait été membre], qui l’avait écrit. » Do You Love Me « Celle-là aussi vient d’un démo de Kim Fowley. Ezrin a aimé le bout disant : “You really like my limousine/You like the way the wheels roll/You like my seven-inch… leather heels” [librement : “T’aimes beaucoup ma limousine/T’aimes comment ses roues tournent/T’aimes les sept pouces… de mes talons en cuir”]. C’est du vrai rock! Évidemment, on l’a arrangée à notre goût. C’est Berry Gordy qui avait écrit la version originale pour The Contours. Rien à voir avec la pièce de l’album, bien entendu. On la joue encore en spectacle, c’est le deuxième de nos trois rappels. »

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