The Love Still Held Me Near

The Love Still Held Me Near

Paru en octobre 2019, A Pill for Loneliness, le sixième album de City and Colour, a été son quatrième projet à atteindre le sommet des palmarès au Canada, propulsant Dallas Green et compagnie dans une tournée pancanadienne des arénas cet automne-là. Mais l’atmosphère n’était pas à la fête. Quelques semaines avant le lancement, le producteur Karl Bareham, un proche collaborateur et ami de Green, était mort dans un incident de plongée sous-marine alors que le groupe était en Australie. Et lorsque Green a entrepris sa tournée acoustique en solo en Europe, en février 2020, la douleur du deuil était insupportable. C’est dans cet état d’esprit qu’il se trouvait quand, quelques semaines plus tard, la pandémie a submergé le monde entier dans une quasi-dépression. Il a donc décidé de gérer sa souffrance et son sentiment de perte de la seule façon qui fonctionne pour lui : il a pris sa guitare acoustique et s’est vidé le cœur. « J’avais écrit les chansons et je savais où je voulais qu’elles aillent », a-t-il expliqué à Apple Music. « Je voulais juste réunir une gang dans la même pièce avec des micros pendant que j’exprimais tout ce que j’avais à sortir. » Le retour triomphal de son autre groupe, Alexisonfire, avec la parution d’Otherness (2022), a été l’impulsion qu’il fallait à Green pour qu’il se décide à partager ces chansons intensément personnelles avec le reste du monde. « Je tenais à célébrer le succès d’Alexis avant de lancer ces pièces-là », a-t-il précisé à propos de The Love Still Held Me Near. « J’étais aussi très heureux de faire cet album-ci. Je ne considère pas que c’est un projet triste. Je pense qu’il parle de trouver son chemin, peu importe ce qui arrive. » Dallas Green partage avec nous son guide vers la lumière, chanson par chanson. Meant to Be « J’ai été élevé dans le catholicisme, j’ai été à l’école catholique. Après, je n’y ai plus vraiment pensé. J’ai souvent utilisé plein d’images religieuses dans mes chansons parce que je l’ai en travers de la gorge, et c’est difficile de désapprendre ce genre de choses. Je pense que j’ai toujours eu une approche un peu inquisitrice envers ça. Je ne me suis pas donné la mission d’écrire une chanson sur la religion, pas plus que je m’étais donné comme mission d’écrire une chanson sur ce que je vivais. N’empêche, je savais que tout ça finirait par se croiser dans ma tête à cause de tout ce que j’ai vécu. Bref, cette pièce est un éloge funèbre pour mon ami, mais c’est aussi une remise en question des choses qu’on m’a apprises. » Underground « J’essaie toujours d’utiliser mon temps intelligemment et d’apprécier la vie qu’on m’a donnée. Je suis parfaitement conscient que ça se peut qu’il y ait une puissance supérieure derrière tout ça, mais je n’ai jamais vécu en présumant que c’est le cas. “Underground” parle d’être confronté de plein fouet à la fragilité de la vie et de s’efforcer de profiter de chaque instant. » F****d It Up « J’ai eu envie de plonger tête première dans la création d’une chanson amusante au sujet des hauts et des bas d’une relation amoureuse à long terme. Je me demandais comment tu réponds aux questions qui se présentent… C’est quasiment impossible. Je me suis dit que j’allais essayer de le faire dans un morceau de trois minutes et demie où j’ai le droit de sacrer! » The Love Still Held Me Near « Il y a plein de chansons directes sur cet album, puis il y a celle-là qui se trouve à l’intersection de plusieurs deuils : celui de mon ami, celui de ma relation amoureuse et celui de tout ce qui se passait dans ma vie [pendant la pandémie]. Tout a disparu : mon identité, mon gagne-pain, ma vie de couple, mon ami… Un sentiment généralisé de perte s’incrustait dans ma vie. Bref, ce morceau est l’amalgame de tout ça en dedans de moi pendant que j’essaie de ne pas perdre espoir. » A Little Mercy « Je pourrais écrire des chansons comme ça à longueur de journée. Un jour, je vais faire un album qui sera carrément juste une heure de ça. J’adore jouer les deux mêmes accords pendant six minutes pendant que je rumine un sujet. Dans ce cas-ci, c’est la question de savoir si on doit réellement souffrir autant pour arriver à trouver le juste équilibre. Et est-ce que c’est vrai que la vie doit être un équilibre entre bonheur et tristesse et qu’il est impossible d’avoir l’un sans avoir l’autre? » Things We Choose to Care About « C’est probablement la plus personnelle de tout l’album. Ça fait longtemps que j’essaie de finir cette chanson, j’ai commencé à travailler dessus il y a des années. Je pense quasiment qu’il fallait que je vive tout ce qui m’est arrivé pour être capable de la finir parce que je devais comprendre la raison profonde derrière le refrain que j’avais écrit. » After Disaster « Celle-là est clairement une pièce sur les relations amoureuses. On dirait presque que j’essayais d’écrire une chanson de Pink Floyd mélangée avec du Teddy Pendergrass. Je voulais me vider le cœur en la chantant, mais il y avait quelque chose d’irrésistible dans ce groove menaçant qu’on avait trouvé et j’avais envie d’aller au bout de ça. Y a des trucs comme “F****d It Up” que j’écris et je me dis “Ouais, c’est une belle création avec un bon refrain”, et elle s’écoute toute seule. Mais y a aussi des morceaux comme “After Disaster” qui sont pratiquement plus un état d’esprit. J’aime ça quand l’atmosphère d’une chanson reflète bien le sujet du texte. » Without Warning « Je fouillais dans mon ordi pour trouver des vieux démos et je suis tombé sur cette mélodie très simple au piano pour un couplet et un refrain. J’ai passé un coup de fil à mon ami Matthew [Kelly], qui a coproduit l’album avec moi, et je lui ai dit : “Je vais t’envoyer un demi-démo super poche; pourrais-tu créer un arrangement de quatre minutes à partir de ça?” Quelques heures après, il m’a retourné ce qu’il avait pondu, et encore quelques heures après, j’avais écrit la chanson au complet. J’ai aucune idée si j’essayais consciemment de faire un morceau soul, mais j’en ai tellement écouté que je ne me pose même pas la question. » Hard, Hard Time « Cette chanson remet en question la religion et l’idée qu’il faut vivre sa vie d’une certaine façon pour avoir accès au paradis, au détriment de la vie qu’on a devant soi. Et je ne dis pas ça avec une approche antagoniste; c’est juste un constat. Musicalement et sur le plan de l’attitude, je tenais à ce que ça sonne très jovial et entraînant. Après tout, qu’est-ce qu’il y a de plus joyeux qu’on solo de guitare? » The Water Is Coming « Il y a un excellent livre de Rebecca Solnit qui s’appelle A Paradise Built in Hell [Un paradis en enfer]. Elle a étudié plein de catastrophes qui ont eu lieu tout au long de l’existence de l’humanité, et son hypothèse est que les humains sont vraiment bons les uns envers les autres seulement quand ils sont au cœur d’une immense tragédie. J’ai trouvé ça super brillant. Il y a un passage du livre où elle mentionne à quel point une grande partie de nos vies est perdue à cause de notre attitude “si tu ne te soucies pas de moi, je ne me soucierai pas de toi”. C’est un sujet gigantesque pour une chanson de quatre minutes, mais j’aime ce genre de défi. » Bow Down to Love « Ça, c’est carrément une réaction au fait d’être confiné et de regarder les nouvelles et l’histoire de George Floyd, toute cette colère et cette haine, toutes ces peurs causées par la pandémie et ce sentiment d’impuissance collective. J’ai eu besoin d’écrire quelque chose de rempli de compassion, aux antipodes de tout ce que j’encaissais. » Begin Again « J’ai l’impression que “Bow Down to Love” est la vraie fin et que “Begin Again” est un refrain épilogue. Je pense que cette chanson est très positive à cause de l’idée de “je t’ai déjà aimé·e et je vais t’aimer encore”. Je ne voyais pas où la placer ailleurs qu’à la fin. Je crée encore mes albums avec le besoin de vivre une expérience “face A/face B”, comme un voyage. Et ce morceau-là est parfait pour la fin, je trouve. »

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