L’hybridation entre musique classique et dance n’est pas un phénomène nouveau. Mais quand, en 2014, le groupe Clean Bandit transforme les mélodies de Mozart en deep house sur son premier album, le résultat ne tient pas de la curiosité esthétique et semble tout à fait naturel. - Deux des membres fondateurs du groupe londonien sont de fait eux-mêmes des musiciens classiques : la violoncelliste Grace Chatto et le violoniste Neil Amin-Smith jouaient ainsi ensemble dans un quatuor à cordes à l’université lorsque le petit ami de Grace, Jack Patterson, a eu l’idée d’enregistrer un de leurs concerts et d’y ajouter des beats. - Après cette épiphanie, le groupe compose 10 chansons en deux semaines et donne son premier concert. Clean Bandit (complété par Patterson et son frère Luke, batteur) forge un son nouveau : une fusion dynamique de pop et de dance, portée par des harmonies classiques et une intuition de chef d’orchestre dans le choix des featurings — ou plutôt des solistes. - Dans le cas de « Rather Be », leur tube stratosphérique de 2014, cette soliste s’appelle Jess Glynne, une chanteuse jusque-là inconnue et dont le timbre de voix à la fois expressif et sans artifice se marie parfaitement à la mélodie entêtante du clavier. - Depuis lors, le groupe (qu’Amin-Smith quitte en 2016) fait appel à un nombre toujours plus grand de chanteurs invités — Charli XCX, Rita Ora, Demi Lovato — en s’adaptant habilement à chaque nouvelle voix. - Au fil des années, Clean Bandit a largement troqué les motifs classiques et les rythmes house pour des guitares acoustiques et des grooves plus lents et tropicaux, mais l’esprit de leur musique reste le même : inspirer, dans des compositions impeccables, les sentiments les plus élevés.