Souvent associé au mouvement minimaliste, Arvo Pärt s’érige en grand prophète de la musique sacrée contemporaine grâce au chant grégorien et à l’oppression soviétique. Né en 1935, le compositeur estonien passe par les bancs du conservatoire de Tallinn. Ses références modernistes se manifestent déjà dans les partitions du collage audacieux Pro et Contra (1966) ainsi que dans Credo (1968), inspiré par des versets de l’Évangile selon Matthieu. Après avoir été interrogé par les autorités sur le « but politique » de cette dernière œuvre, Pärt réagit en inventant un nouveau style de composition polyphonique. Ainsi nommée en raison de ses tintements de clochettes, son ère tintinnabuli débute avec Für Alina en 1976, puis se développe l’année suivante avec la création de pièces essentielles telles que Fratres, Cantus in memoriam Benjamin Britten, Summa et Tabula Rasa. Après avoir quitté l’Union soviétique en 1980, il rejoint Vienne puis Berlin-Ouest où il touche un large public grâce à Manfred Eicher, qui enregistre dès 1984 plusieurs de ses compositions pour ECM Records. Ses œuvres Passio (1988), Kanon Pokajanen (1997), The Deer’s Cry (2007) et Adam’s Lament (2009) séduisent des audiences avides d’expériences spirituelles, tout en étant éloignées de la religion, érigeant au passage Pärt comme un des compositeurs les plus joués de la planète.