dEd

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Tout au long de sa carrière, l’artiste pop alternative Lights (Valerie Poxleitner de son vrai nom) a répondu à ses œuvres hautes en couleur par des projets plus relax, créant une version acoustique de chacun de ses albums. Et même si PEP, paru en 2022, a été livré cinq ans après la sortie de son dernier album complet, période pendant laquelle Lights est devenue la chanteuse invitée la plus occupée de la scène pop punk EDM, son penchant pour les adaptations toutes en douceur se poursuit avec la parution sœur dEd. Cette fois, par contre, Lights laisse de côté la guitare acoustique pour décompresser d’une toute nouvelle manière. « Tout de PEP était extrême et exagéré », a déclaré la native de l’Ontario à Apple Music. « Le dynamisme, l’énergie, les couleurs, le marketing, l’humour. Ça se voulait une approche sarcastique et cynique de la musique entraînante et positive. » Donc, quand est venu le temps de repenser ces morceaux, plutôt que de simplement adoucir le ton, elle a dû virer PEP de bord – littéralement. Comme le suggère son titre, dEd – PEP la tête en bas – reprend les 13 pièces de l’album original dans l’ordre contraire, en changeant radicalement d’ambiance, abandonnant son côté « beach party » de semaine de relâche printanière pour une atmosphère de funérailles hivernales. « Jusque-là, j’avais toujours fait des [reprises] acoustiques, mais j’avais l’impression que cette fois-ci, ça devait être complètement différent », a expliqué Lights. « Je me suis donc dit qu’il fallait que la production délaisse totalement le côté rock alternatif. Et qu’est-ce qui est à l’opposé de ça? De l’électronique, du downtempo, de l’ambiant, du sombre. » Lights nous escorte ici dans un périple pièce par pièce vers le néant. Grip « Avec mes trucs acoustiques, je fais attention de ne pas surtraiter les voix. Pour dEd, je me suis dit que j’allais traiter les voix comme sur un morceau électronique. Mais en le faisant, j’ai vu que ça marchait pas. J’aime la combinaison d’une voix brute, genre acoustique, avec une production électronique. Il y a quelque chose de cool dans le fait de respecter les codes de ces deux styles. Par exemple, sur “Grip”, il n’y a pas d’Auto-Tune. Elle devait avoir une rondeur, des défauts et des petits moments qui la rendent authentique malgré la production électronique parfaite. » Voices Carry « J’ai fini par adopter une approche plus minimale. Sur la plupart des morceaux, j’ai essayé de mettre un rythme de basse syncopé genre chillstep, avec un peu de wub. Et j’ai réussi à faire ça dans celui-ci aussi, mais vraiment moins chillstep. C’est presque plus une version acoustique classique de Lights, parce que c’est ce qui allait avec cette chanson. Je me suis dit qu’il fallait laisser les voix porter [“voices carry”], littéralement. » Okay Okay « Les paroles d’“Okay Okay” ont toujours été très sombres : si vous tombez totalement et maladivement en amour avec quelqu’un, cette personne peut vous faire faire tout ce qu’elle veut. Le concept est plutôt lourd, et cette version a fait ressortir toute la noirceur des paroles, qui font généralement vibrer et chanter les gens dans mes spectacles. Celle-là a une ambiance totalement différente. » Easy Money « Sur l’original, il y a un refrain descendant après le pont que j’ai toujours aimé. Je me suis dit que j’allais mettre plein de couches de vocodeur dans le style d’Imogen Heap. J’ai donc passé beaucoup de temps à apprendre à utiliser les plugiciels de vocodeur. Mais quand j’ai commencé à travailler sur le morceau, j’ai constaté que mes prises de voix étaient plus cool que le vocodeur lui-même. En fin de compte, j’ai ajouté une piste de vocodeur et j’ai combiné le tout pour créer une ambiance vraiment spéciale. » Real Thing « Elohim et moi on a composé ce morceau [pour PEP], et sa “vibe” était tellement bonne! La partie la plus difficile de la reprise a été d’essayer de changer de ton. Finalement, l’essence du morceau est inchangée – il est juste plus lent et plus grave. Le sens des paroles reste le même, mais j’ai pu ajouter des échantillons cool pour en faire une version amusante et chill. » Sparky « Il y a plusieurs années, quand Drake a lancé Scorpion, j’ai repris le disque 2 dans la semaine après sa sortie et j’ai fait une version acoustique et chill de l’ensemble du projet. Évidemment, elle a été retirée des plateformes numériques presque tout de suite, ce qui a représenté beaucoup de travail pour rien. Mais ça m’a permis d’en apprendre beaucoup sur la façon de conserver un flow hip-hop et une cadence lyrique dans un style de production sobre avec des pads et un peu de groove. J’ai donc mis à profit ici toute l’expertise que j’ai acquise en réalisant ce projet. » Rent « J’ai fait la production de quelques pièces sur PEP, et mes compétences se sont beaucoup améliorées depuis. J’avais une nouvelle occasion de m’essayer avec “Rent”. Il n’y a pas de bonne réponse concernant la façon de finir une chanson : on improvise à chaque étape! » Jaws « Pour cette pièce, j’ai testé beaucoup de suites d’accords différentes, en essayant d’en obtenir une autre que dans l’original, et j’ai finalement abouti à une sonorité vraiment positive, un peu comme une berceuse, dans les couplets. Je voulais rendre ça cute puis enchaîner avec une chute brutale. Ce n’est pas nécessairement une version chill, mais elle dégage nettement une nouvelle énergie et une certaine noirceur. » Money in the Bag « Je me souviens d’avoir passé du temps avec Kiesza [qui figurait sur la version originale] pendant un voyage à Los Angeles, et je lui ai dit : “Man, je sais pas quoi faire avec ce morceau! Ta voix est trop bonne! Je suis pas capable de chanter comme ça.” Elle a fait : “Je sais pas comment t’aider. Désolée!” Finalement, j’ai pris une direction synthwave, puis je suis revenue sur mes pas. Il m’a fallu beaucoup de peaufinage pour être satisfaite, mais le résultat est bien meilleur que ce à quoi je m’attendais. » Salt and Vinegar « Cette chanson a abouti dans un style chillstep très vibrant auquel je ne m’attendais pas, étant donné qu’elle était probablement la pièce pop alternative la plus joyeuse de PEP. J’adore la jouer et je ne voulais pas perdre ses points forts : la ligne de basse, la guitare, l’énergie. Mais rien de tout ça n’a été gardé. Cette version s’appuie plutôt sur la force du texte, et j’ai été vraiment surprise de voir à quel point il résonnait. » Prodigal Daughter « On a lancé ce morceau en même temps que PEP, comme chanson bonus. Il a donc servi de modèle pour le reste du projet. L’original, c’est juste de la pure énergie, des cris et des hurlements. J’ai donc chanté de la façon la plus atténuée possible, avec la guitare la plus douce. C’est la première pièce qu’on a virée à l’extrême, et j’ai adoré ce que ça a donné. » In My Head « La version originale est un hymne à la confiance en soi, et celle-ci donne l’impression d’être tout à fait à l’opposé. Ce qui est étrange, c’est que les couplets sont dans une tonalité majeure et les refrains en mineur. Il y a donc un décalage sonore complet entre ces parties, et je m’en suis rendu compte seulement en travaillant dessus. Je me suis beaucoup amusée à la transformer en un truc électronique alternatif aux sonorités des années 70. Elle comporte des accords quasiment rêveurs et tripatifs qui s’intègrent à une batterie qui sonne comme du vinyle. C’est la pièce qui se démarque le plus de tout l’album dEd. » Beside Myself « J’ai remarqué qu’il y avait une tendance dans les vidéos TikTok où les gens augmentent la fréquence de la musique pour qu’elle soit plus aiguë, ou ils accélèrent le rythme. Je me suis demandé comment je pouvais reprendre ce concept et l’utiliser d’une manière pas exagérée, qui colle à la chanson. Et j’ai pensé que ce serait vraiment cool que le refrain finisse avec une voix aiguë. Je me suis beaucoup amusée à essayer de nouveaux trucs de production et à réfléchir à des façons de vous faire plonger dans ce néant électronique. »

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