La sœur du violoncelliste Sheku Kanneh-Mason débute sa carrière discographique avec un hommage à la pianiste et compositrice du XIXe siècle Clara Schumann. «  Quand j’ai entendu son deuxième scherzo, j’ai été envoûtée par sa passion et sa fougue », explique Kanneh-Mason à Apple Music. « J’étais étonnée de constater à quel point je ne connaissais pas sa musique. Lorsque j’ai réalisé que 2019 était l’année de son bicentenaire, cela m’a semblé le moment idéal pour m’attaquer à un tel projet.  » La pianiste espère que ces œuvres deviendront partie intégrante du répertoire classique. «  Je vais sans aucun doute revenir à la musique de Clara Schumann tout au long de ma carrière  », poursuit-elle. Difficile d’imaginer meilleur porte-étendard qu’Isata Kanneh-Mason : elle s’avère ici être aussi talentueuse comme chambriste que comme soliste, chose rare. L’étoile montante de la musique classique partage ses impressions au sujet de cet album d’une grande diversité. Concerto pour piano en la mineur, op. 7 « Clara Schumann a commencé à composer son concerto pour piano à l’âge de 13 ans. J’ai été renversée par la virtuosité et la complexité de son écriture. En plus d’avoir composé cette pièce, elle était également capable de l’interpréter, ce qui est remarquable à cet âge-là. Son écriture est parfois un peu étrange : ça ressemble à du Chopin, mais c’est extrêmement gratifiant à jouer. L’Orchestre philharmonique royal de Liverpool a été génial durant les sessions d’enregistrement, et nous avions des idées très similaires sur la manière d’aborder l’œuvre.  » Trois romances pour piano, op. 11 «  Les trois romances sont arrivées tôt dans le parcours de compositrice de Clara Schumann. La musique est très simple et enfantine, mais elle a aussi un côté mélancolique. Clara a écrit ces romances l’année avant d’épouser Robert Schumann, alors qu’elle subissait beaucoup de pression (son père ayant tenté d’empêcher leur mariage). Je les trouve très puissantes. Scherzo n° 2 en do mineur, op. 14 « C’est cette pièce qui m’a attirée dans l’univers musical de Clara Schumann. J’ai entendu ce scherzo pour la première fois en 2018, et je l’ai tout de suite trouvé formidable et passionnant. J’adore sa manière, très versatile, d'utiliser la tension harmonique. Le morceau est court, mais la musique est incroyablement dense. C’était probablement la pièce la plus difficile à enregistrer, car elle exige énormément d’énergie et de passion. Lorsqu’il faut la jouer encore et encore, c’est épuisant ! » Trois romances, op. 22 « J’ai toujours admiré le jeu de la violoniste Elena Urioste et je pensais qu’elle serait parfaite pour ces romances. Elle a un instinct incomparable pour la musique de chambre. Même si c’était la première fois que nous jouions ensemble, nous partagions la même sensibilité. C’est d’ailleurs pourquoi je préfère la musique de chambre au jeu en solo : on peut se nourrir de l’énergie de ses partenaires musicaux. » Myrthen, op. 25 : 1, « Widmung » (arr. Clara Schumann) et Liederkreis, op. 39 : 5. « Mondnacht » (arr. Clara Schumann) « Je tenais à ce que Robert Schumann soit présent sur l’album, car il a été une part très importante de la vie de Clara. Elle éditait ses œuvres et corrigeait les erreurs. J’aime ses arrangements pour piano, car ils préservent la simplicité et la beauté de ces morceaux en évitant d’y ajouter des fioritures inutiles. “Widmung” (Dévouement) a de grandes envolées passionnées, tandis que “Mondnacht” (Clair de lune) est beaucoup plus paisible, mais elles sont toutes les deux magnifiques. » Sonate pour piano en sol mineur « Étrangement, cette sonate n’a jamais été publiée du vivant de Clara Schumann. Personne n’a été en mesure de comprendre pourquoi, mais tout semble indiquer qu’elle l’avait écrite comme cadeau de Noël pour Robert Schumann au début de leur mariage. Ses quatre mouvements sont courts, mais très complexes musicalement. C’est vraiment dommage qu’elle ne l’ait jamais interprétée, c’est une œuvre magnifique. Difficile à jouer, mais particulièrement gratifiante. »