Mellow Moon

Mellow Moon

Au milieu du processus de création de son album, Alfie Templeman a eu une épiphanie : il avait besoin de plus de chansons pop. Le confinement était levé et on pouvait de nouveau voir nos ami·es, planifier des activités et prendre l’air, ce qui a provoqué un sentiment de libération chez l’auteur-compositeur-interprète du Bedfordshire, en Angleterre. « Quand j’ai commencé, il y a environ deux ans, y avait aucune trace de pop [dans ma musique] », dit Templeman à Apple Music. « C’était totalement du R&B, assez indie, jusqu’à l’été dernier où j’ai soudainement pu sortir et me sentir plein d’énergie. » Cette impression de quitter la noirceur et d’essayer de comprendre cette troublante époque se ressent d’un bout à l’autre de Mellow Moon, la nouvelle proposition de Templeman dans la foulée de son EP Forever Isn’t Long Enough, paru en 2021, alors qu’il avait 19 ans. On y entend la même indie pop jubilatoire, sauf que cette fois-ci les hooks sont plus acérés, les sonorités plus audacieuses et l’euphorie encore plus exaltante. Là où Forever Isn’t Long Enough avait des airs grisants de passage à l’âge adulte – avec tout ce que ça implique –, on retrouve un Alfie plus mature. « J’ai eu des soucis de santé mentale l’an passé, mais ça m’a beaucoup appris sur moi-même », confie-t-il. « Si horrible qu’une dépression puisse être, elle peut aussi t’apprendre plein d’affaires. Tu vois plein de choses en noir et blanc, comme elles le sont réellement. La pandémie a révélé qui j’étais avant et qui je suis devenu. » Il nous propose ici un survol pièce par pièce de Mellow Moon. A Western « J’ai commencé à travailler cette pièce-là au début de la pandémie, quand j’avais 17 ans. J’ai enregistré la batterie dans le cabanon de mon père, et après j’ai ajouté les lignes de basse qui te font hocher la tête. Quant au texte, c’est plein de culture pop des années 60 et 70 : ton père va aimer ça. Vers la fin, t’arrives dans un monde merveilleux rempli de piano virevoltant. Il y a plein de nouvelles sonorités là-dessus. » You’re a Liar « Celle-là parle du fait d’être en couple et de te rendre compte que tout ce qu’il y avait de bon dans cette relation était basé sur des mensonges, des choses qu’on t’a dites et que tu as crues jusqu’à ce que tout s’écroule devant tes yeux. Le texte est très direct. Je trouvais que mon album en avait besoin étant donné qu’il y a pas mal de moments assez intenses. » Broken « Ça, c’est comme un hymne pour les jeunes de ma génération, ça fait référence à des trucs auxquels je réfléchissais pendant la pandémie et aux petits tracas qui viennent avec l’adolescence quand tu essaies de comprendre qui tu es. C’est important de s’analyser quand on grandit pour trouver qui on est. J’ai été très ouvert envers moi-même à ce sujet au cours des dernières années. Je suis capable d’avoir un dialogue intérieur et d’admettre mes défauts. Sur “Broken”, je prends conscience de mes erreurs du passé et je réalise que je ne peux pas rester toujours au lit. Il faut que je me lève et que j’accomplisse quelque chose. C’est une des chansons les plus importantes de l’album parce qu’elle est très directe, honnête et vraie. » Folding Mountains « Cette chanson est faite pour le genre de journée où tu sais dès que tu te lèves que ça sera pas la meilleure de ta vie. Ça parle de gravir la montagne et de surmonter ce qui t’arrive. Même si t’as l’impression que t’as pas l’énergie de passer à travers ce qui s’annonce comme une journée de merde, tu fonces en sachant que demain sera bientôt là. » 3D Feelings « Tu sais, quand tu te souviens de qui t’étais avant, quand t’arrives dans un endroit où t’avais l’habitude d’aller ou que tu vois des gens de qui t’étais proche? Ça peut même être une odeur qui te semble familière, et ça te donne des papillons dans le ventre ou ça te met en colère. Il y a plein de façons de ressentir ces émotions en 3D. Dans cette chanson, je parle de quelqu’un que j’aime et que je peux serrer dans mes bras. J’ai été très nostalgique pendant le confinement. J’ai quitté l’école en 2019 et la pandémie nous est tombée dessus, alors j’ai vraiment pris le temps de bien comprendre tout ça. J’avais des papillons dans le ventre à propos de plein de choses, je m’ennuyais de mes ami·es, de ma blonde, des trucs du genre. » Candyfloss « “Candyfloss” raconte comment la vie peut parfois avoir l’air trop belle pour être vraie. Tout ressemble à de la barbe à papa [“candyfloss”] jusqu’à ce que tu grattes la surface. Tout est beau et adorable en apparence, mais tout finit par avoir un mauvais côté. J’ai fait cette pièce-là avec Justin [Young] des Vaccines et le texte est vraiment cool, un peu comme une chanson à répondre. » Best Feeling « Au départ, celle-là était une commande pour une pub de Tinder. J’ai écrit le texte du point de vue d’un vieux qui ne sait pas comment flirter sur Internet, il est totalement nul avec le vocabulaire sexy, le genre de gars doux qui essaie d’avoir l’air d’une bête de sexe et qui échoue lamentablement. Ils l’ont aimée au début, mais ils ont fini par la trouver trop négative. J’ai changé les paroles pour que ça soit plus optimiste, mais d’une manière qui fait grincer des dents. C’est une chanson très drôle. » Do It « J’ai toujours eu envie de faire une chanson pseudo-ironique dans le genre des vidéos de motivation des années 80 qui sont drôles tellement elles sont mauvaises. Je me moque de moi-même, du fait que je remets tout au lendemain et que j’ai besoin de tout mon petit change pour sortir du lit, prendre une douche et aller quelque part. Je fais même la promo de mon album dans le texte. Elle a une “vibe” de discothèque un peu sombre et punk. Mais là, je viens de me rendre compte que quand je dis qu’elle est ironique, elle ne l’est plus. » Colour Me Blue « Celle-là est super “sweet” et directe, comme une petite capsule de bonheur. Il n’y a pas une tonne de textes optimistes sur l’album, mais celui-là a une “vibe” adorable. Le piano fait penser à du Todd Rundgren. J’ai écrit ça avec Kieran [Shudall] de Circa Waves. On avait envie de faire quelque chose de vraiment joyeux et joli. Y a même des références aux Strokes, juste pour le fun. » Galaxy « C’est fou comment il y a de façons de dire à quelqu’un que tu l’aimes et comment ton univers en entier tourne autour de cette personne. C’est épeurant et magnifique en même temps quand t’es en couple et que t’essaies de comprendre ça pour la première fois. Plus je tombe en amour, plus je suis à l’aise. Sur “Galaxy”, je dis : “Tu es ma galaxie, tout tourne autour de toi, je le fais pour toi, je suis une meilleure personne pour toi.” Ma blonde m’a vraiment aidé à devenir une meilleure personne pour moi et pour elle aussi au cours des dernières années, surtout avec la pandémie. » Leaving Today « C’est la première fois que je joue du violoncelle depuis l’âge de huit ans. J’en ai reçu un pour ma fête l’an passé et j’étais vraiment excité à l’idée de l’essayer et de m’enregistrer. J’ai utilisé plein de couches pour créer un mini-orchestre d’Alfies. Le texte parle de partir en tournée. J’avais presque réussi à dompter mon trac quand la pandémie a frappé et j’ai eu l’impression que j’allais devoir recommencer à zéro et rebâtir mon courage. Ça raconte la journée où je vais pouvoir enfin dire : “OK, bye, je pars en tournée. C’est parti, plus question de revenir en arrière.” » Take Some Time Away « C’est souvent quand je suis gelé que j’ai d’excellentes idées de chansons. Celle-là s’est écrite toute seule dans ma tête, tout me venait sans que j’y pense. Elle a un petit côté sombre et mystérieux à la James Bond. Ça parle du besoin d’avoir une pause de l’industrie de la musique et des réseaux sociaux. C’est tellement intense ce qui se passe en ligne des fois que j’éprouve de la claustrophobie et de l’anxiété. Je me sens super bien chaque fois que je lâche tout et que je mets mon téléphone en mode silencieux. » Mellow Moon « Celle-là me fait beaucoup penser au film Up [Là-haut] à cause du texte qui parle de se laisser porter par des ballons. C’est vraiment une jolie chanson. J’avais le goût de créer quelque chose de super romantique et de “sweet”. Elle sonne comme si tu disais adieu à l’amour de ta vie. Je crois que c’est assez commun de souhaiter que la journée disparaisse quand tu souffres de dépression et je le dis dans cette pièce-là. Ton esprit est tellement embrouillé que tu as juste envie d’aller te coucher et de ne pas te réveiller. Cette chanson m’a beaucoup aidé à faire face à ces émotions. » Just Below The Above « J’ai composé la musique quand j’avais 14 ans, mais je l’ai réenregistrée quand j’étais au fond du baril, l’an passé. J’ai eu une période de trois semaines où je n’avais à peu près aucune motivation. J’aurais pas pu écrire une chanson même si tu m’avais mis un fusil sur la tempe. Un jour, je fouillais dans mes vieux démos et celui-là m’a vraiment touché. J’ai retravaillé une partie du texte dans un moment de réflexion existentielle. C’est pour ça que ça parle beaucoup de la vie après la mort et de ce qu’il y a de l’autre côté. Je pense que la mort est le plus grand mystère de la vie et plus j’explore ce mystère, plus j’en retire de la joie aussi bien que de la peine. Plus tu creuses, plus c’est sombre, mais plus tu trouves de réponses à tes questions. J’ai vraiment fait le tour de toutes les façons d’aborder cette question là-dessus. C’est une chanson très spéciale pour moi. »

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