L’EP I Still Think About You du chanteur et compositeur torontois Joël Lobban compte quatre titres, soit un par année écoulée depuis son précédent album GRUNGE GOSPEL, paru en 2020. Dès le premier morceau « Crazy… », en apparence doux, mais aux paroles dures, la raison de son absence devient aussitôt évidente : il a traversé une période difficile, tant sur le plan musical qu’au niveau émotionnel. Si ses bases mélodiques restent ancrées dans le gospel soulful avec lequel il a grandi auprès de son père pasteur, son retour sur GRUNGE GOSPEL s’apparente davantage à un songe R&B, délaissant les influences trap pour embrasser un mélange psychédélique de beats posés, de guitares indé et de gémissements de saxophone. Cette ambiance envoûtante sied parfaitement à cet ensemble de titres profondément introspectifs, dans lesquels Lobban évoque les souvenirs douloureux d’une relation vouée à l’échec, tout en invoquant sa volonté de tourner la page sur le passé. « Comme je n’ai pas sorti de musique depuis longtemps, je voulais revenir avec de la musique authentique à mes yeux, mais ne ressemblant pas à ce que j’avais fait auparavant », explique-t-il à Apple Music. « J’écoute toujours des artistes très différents, qu’il s’agisse de Radiohead, Kid Cudi, Kanye ou Nirvana, ils ont tous fait leur propre truc, et c’est ce que j’ai envie de faire. Donc, même si je fais des choses un peu plus ancrées dans un R&B/soul traditionnel, j’ai quand même envie de me lancer un peu et d’expérimenter. » Lobban nous livre ici ses impressions sur I Still Think About You, titre par titre. « Crazy… » « Ce titre, c’est moi qui fais face à mes émotions, qui découvre qu’il s’est passé des trucs idiots et qui apprends à les gérer en mettant mes pensées sur papier. Je pense que c’est quelque chose que tout le monde peut comprendre, parce qu’on a tous des relations amoureuses et que l’amour est l’un des sentiments les plus intéressants au monde. C’est assez courant de se retrouver dans une situation toxique ou d’avoir le cœur brisé. Je me suis donc dit : “Je vais être aussi honnête que possible sur cet album, je vais l’écrire comme si je parlais à la personne”. C’est écrit littéralement comme si je lui parlais, du genre “Yo, et si je te faisais ce que tu m’as fait ?”. » « Millionth Time » « C’est né d’une situation différente de celle de “Crazy…”, mais c’est similaire, parce qu’après avoir vécu différentes situations qui te laissent amer, et après avoir été seul un moment, tu apprends vraiment à t’aimer toi-même. Tu te rends compte de ta valeur et que tu peux tirer parti de n’importe quelle situation. Tu commences à te comporter différemment et à ne pas accepter autre chose que ce que tu penses mériter. Donc quand les gens commencent à revenir dans ta vie et à t’envoyer des messages, t’es là genre “Nan, on va pas encore recommencer.” » « Wait for Me » (feat. Marzz) « Ce morceau est avec Marzz. C’est une super chanteuse et compositrice originaire de Californie. Je me suis dit que ce serait bien d’avoir une perspective féminine sur ce titre, parce qu’il est un peu similaire à “Millionth Time”, mais au lieu de rejeter instantanément une situation, t’es juste un peu plus ouvert à l’idée de revoir des gens. C’est comme si t’étais toujours célibataire, que tu faisais ton petit bonhomme de chemin, mais que tu recommençais à avoir des conversations, tout en étant conscient de ta valeur. Tout ce que t’essaies de reconstruire à partir de zéro te prend beaucoup de temps — tu ne veux pas te lancer trop tôt dans quelque chose, pas vrai ? C’est pour ça que je dis : “Yo, attends-moi”. » « Thinking About You » « Je n’étais pas en couple quand j’ai écrit ce morceau, mais je commençais à parler à d’autres personnes, tout en continuant à penser à [mon ex], avec qui j’ai été le plus longtemps. [Ma relation précédente] était une de ces situations où, quand c’est bien, c’est vraiment bien, mais quand c’est mal, tu réalises que ça ne mène nulle part, que tu devrais vraiment partir. C’est marrant : dans les situations toxiques, ces personnes sont parfois les plus passionnantes, les plus drôles et les plus fascinantes — et ces souvenirs restent gravés dans ta mémoire, même si ce n’est pas idéal. Je pense que pour se disputer avec quelqu’un ou utiliser des mots comme “je te déteste”, il faut vraiment laisser la personne entrer dans sa vie pour ressentir cela, il faut d’abord l’aimer. Parce que l’amour et la haine viennent de choses très profondes, tu vois ? »