Pier Pressure

Pier Pressure

« Je sais quand j'ai trouvé le bon morceau, parce que ça doit sonner comme de la musique de champion », explique Riley Davies, plus connu sous le nom de ArrDee, à Apple Music. « Je répète à chaque fois la même phrase aux producteurs : “Je cherche ce beat de champion à la Rocky.” Et en général ils me disent “De quoi tu me parles, bordel ?” Mais je sais, dans ma tête, que si je peux m’imaginer Rocky en train de courir en haut des marches ou de se relever et de gagner le combat, alors c’est le bon. » Pier Pressure, la première mixtape du rappeur originaire de la ville anglaise de Brighton, comporte tout plein de ces séquences de champion. Réflexion sur tous les changements qui ont chamboulé sa vie en 2021, elle dévoile aussi les aléas de son parcours tumultueux d’outsider. En se démarquant avec des freestyles bien sentis et des feats sur lesquels il a volé la vedette (comme sur l’énorme hit de 2021 « Body [Remix] » de Tion Wayne), ArrDee a montré sa combativité, et sa ténacité est la clé de cette mixtape de 14 titres, produite par LiTek et WhyJay. Ici, l’as de la rime réfute toute comparaison avec Aitch (« War »), discute des changements de sa ville natale (« Pandemic »), et propose des morceaux doux, centrés sur la voix, qui visent à prédire un futur proche (« Early Hours »). « J’ai montré plein de fois, sur une durée assez courte, que je pouvais sortir des bangers et créer de nouvelles sonorités », affirme-t-il. « Maintenant, c’est le moment de révéler les différentes facettes de l’artiste que je suis. Je vais pas être le genre d’artiste éphémère, qui est là aujourd’hui, mais qui disparaît le lendemain. » Poursuivez votre lecture pour découvrir son guide de Pier Pressure, morceau par morceau. Locker « J’ai écrit ça en 2021, en un quart d’heure, en me défoulant dans la cuisine. Je vivais avec mon ex à l’époque, et je venais de percer : “Body (Remix)” était sorti, et tout allait trop vite. Et du coup, on se disputait en permanence. Après cette engueulade en particulier, j’ai mis mes AirPods, je me suis mis un morceau de Hargo [producteur britannique], et je me suis dit : “Putain, c’est moi le meilleur”. C’est ce que j’ai mis sur papier en premier, et le reste a vite suivi. Mais je la remercie quand même : on se prend plus la tête ces jours-ci. » War (feat. Aitch) « Dès que j’ai intégré la scène, une partie des médias a essayé de créer une histoire du genre “Aitch contre ArrDee : qui est le meilleur ? Qui va gagner ?” Mais il a jamais été question de compétition dans notre relation, ça a été cool entre nous dès la première fois où on s’est parlé. Et plus tard [en 2021], il m’a fait venir [au Reading Festival] sur la scène principale, il était pas obligé de le faire. Donc on a complètement réécrit l’histoire sur ce morceau. C’est pas un combat, on révèle les différentes facettes de chacun dans des mesures adéquates : 16 par 16 et phrase par phrase. » Oliver Twist « Oliver Twist est ancré dans l’histoire de ma famille. On le regarde [le film britannique de 1968 Oliver!] quasiment chaque année à Noël, on chante par-dessus avec le volume à fond. C’est littéralement les premiers [titres] que j’ai interprétés devant un public (ma famille) donc ça donne à ce morceau, mon premier single, encore plus de signification. » Flowers (Say My Name) « Je sais que ce morceau sample une chanson d’amour [le single de 2001 “Flowers” de Sweet Female Attitude], mais je pouvais pas la jouer ringard. C’est une chanson drill même s’il y a un côté un peu pop, donc il fallait qu’elle soit authentique. J’ai montré la première mesure à mes managers, je faisais les cent pas dans la pièce (c’est comme ça que j’écris en général) et ils ont éclaté de rire, c’était le signe pour moi ! » No Biggie « J’aime vraiment bien ce morceau, et l’histoire qui se trouve derrière est complètement dingue. Je vais pas trop rentrer dans les détails, mais je rappe en parlant littéralement de ce qui s’est passé la nuit d’avant. Et chacun des trucs s’est vraiment produit. Elle a vraiment joué la méchanceté, et j’étais là genre, “Wow”. » Early Hours « Je suis super fier de ce morceau. Je pense que ça montre que je vaux plus que ça, à tous ceux qui doutent de moi, qui essaient de me mettre dans une case ou qui disent, “C’est un rappeur de TikTok, juste un rappeur drill”. Les fans veulent entendre le son dont ils sont tombés amoureux, mais je sais qu’ils veulent aussi m’entendre le décliner de différentes manières. Pour moi, c’est ce qui fait un artiste : la polyvalence. » Late Night Driving « Ce morceau parle d’un rare moment où j’ai eu du temps pour moi l’année dernière. C’était un moment où j’avais juste besoin de m’isoler et de réfléchir à la vitesse à laquelle les choses se passaient. J’ai mis mes AirPods dans la voiture, j’ai parlé à personne, je me suis repassé ce beat, et quand on est arrivés au studio, j’avais ce morceau. » Fruitella « C’est un morceau vraiment marrant qui est né de ma toute première session de studio payée par un label. Avant ça, je payais 20 [livres] de l’heure ! Et c’était aussi la première fois que je rencontrais ce mec, LiTek. Beaucoup de producteurs m’envoyaient des trucs de drill, mais lui il en avait rien à foutre : il était prêt, et j’avais aussi envie de faire mes preuves pendant ces sessions. J’ai créé ce concept sur le champ, un peu pour frimer, j’imagine, parce que je venais de demander des Fruitella dans un magasin. Du coup, je suis resté sur cette idée, je l’ai développée, et voilà ma version de ce truc sucré. » Come & Go « Ce morceau sample un titre que ma mère connaît probablement mieux que moi [le single de 2008 “Stay With Me” d’Ironik]. On l’aurait sans doute écoutée dans la voiture quand j’étais plus jeune. Quand j’ai entendu le sample, j’ai presque retrouvé les souvenirs enfouis de ces voyages. Bizarrement, j’ai récemment écouté l’original pour la première fois depuis longtemps, et au tout début dans son intro, il dit : “Les gens vont et viennent en permanence”. C’est toujours aussi fou pour moi. » Pandemic « C’est un morceau que j’avais envie d’écrire depuis longtemps, sur un gros problème qui se pose en ce moment [au Royaume-Uni], les “county lines” : des mecs qui viennent des grandes villes, de Londres et d’autres villes, et qui débarquent dans la campagne dont je suis originaire. Ils appellent ça l’OT ou [country], mais il s’agit surtout de jeunes garçons qui débarquent, font leur affaire et finissent par traîner avec toutes les jeunes filles de 17 ou 18 ans du coin. Brighton a un des plus grands nombres de SDF du pays (comme beaucoup de villes côtières) et c’est pour ça que les mecs sont envoyés ici. C’est un cercle vicieux à Londres et c’est la même chose ici. Tout ça a un effet sur mes potes, et j’ai vu des familles souffrir quand des gens trempent dans des trucs où ils devraient pas être. C’est la pandémie qui sévit ici. » Who Woulda Thought (feat. Lola Young) « J’ai vraiment bien aimé le fait de composer des morceaux en partant de rien, et c’est peut-être ma préférée de toute la mixtape. En dehors des kicks de batterie, y a que de vrais instruments ici : y a AOD [producteur britannique] qui gère les cordes, et Lola, une chanteuse incroyablement talentueuse, compositrice et multi-instrumentiste, qui est aussi aux claviers. J’adore cette fille. » Body (feat. Tion Wayne, Russ Millions, E1 [3x3], ZT [3x3], Bugzy Malone, BU-NI, Fivio Foreign & DARKOO) [Remix] « Tion Wayne s’est montré super attentionné avec moi sur ce titre. En plus d’imposer son style [d’Edmonton, Angleterre], il a arrangé mon couplet en premier, parmi ceux de tous les MC. Pendant un moment, après la sortie du titre, j’ai eu l’impression que ça allait pas trop marcher. Puis je me suis réveillé, et tout a changé. Ce qui est encore plus fou, c’est que j’ai été quasiment détesté sur TikTok pendant longtemps. C’était bizarre : si c’était pas Aitch, c’était un autre rappeur qui me ressemblait pas du tout et auquel on reprochait d’essayer de ressembler. Mais ce jour-là, en scrollant ma page, j’ai vu tout le monde qui reprenait mes parties ! Puis j’ai vu les Américains suivre [la tendance], et j’ai su que c’était bon pour nous ! Mon téléphone arrêtait pas de sonner. Y a même des meufs d’internet qui essayaient de me contacter par DM. Je me sentais franchement comme un nouvel homme ! » Wasted (feat. Digga D) « C’est une connexion de malade ici. Le sample et l’ambiance générale de ce morceau sont arrivés au bon moment. Les managers de Digga m’ont contacté alors qu’il était encore en prison, mais le morceau m’est venu pendant que j’étais à Ibiza. J’ai écrit un bout de mon couplet là-bas, entre de la teuf, de l’alcool et d’autres trucs. » Wild It (feat. Tion Wayne) « Je suis cool avec tout le monde, mais je sais qu’on peut pas toujours mélanger business et amitié. Mais Tion est devenu un vrai ami. On discute tout le temps — il m’a appelé à une heure du matin pour me demander d’être sur ce morceau. J’étais en pyjama à Brighton, mais il insistait, “Je suis dans ma bagnole, en route pour passer te prendre maintenant !”. Finalement, on a réussi à caler [une session] plus tard dans la semaine. Je sais pas comment, mais j’ai fini par faire la teuf la veille, je me suis réveillé vraiment avec la gueule de bois, et j’ai perdu mon couplet ! Mais j’étais pas stressé pour autant — ces choses finissent toujours par s’arranger pour moi. »

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