La seconde école de Vienne, active au début du XXe siècle, divise encore aujourd’hui les auditeurs. D’aucuns chérissent ses innovations audacieuses, tandis que d’autres n’y voient qu’un abandon des conventions mélodiques et harmoniques. Les trois œuvres présentées par le Quatuor Heath sur cet album fascinant montrent les extraordinaires avancées réalisées dans le développement du langage musical par Schoenberg et ses deux principaux élèves, Berg et Webern, sur une période d’à peine cinq ans. Loin d’être « difficiles », l’ouverture du Quatuor à cordes op. 3 de Berg fait chanter les violons avec un rare lyrisme, et le « Langsamer Satz » de Webern est aussi chaleureusement expressif. Dans le finale spectral de son Quatuor à cordes N° 2, Schoenberg inclut un poème de Stefan George, que la soprano Carolyn Sampson interprète ici d’une voix caressante, respirant ce que le texte nomme « l’air d’une autre planète ».