Pour son troisième effort, Aliocha Schneider ose trois nouveautés : il arbore son nom de famille, signe un album éponyme et chante dans sa langue maternelle. « J’ai toujours eu la volonté de chanter en français », a-t-il confié à Apple Music. « J’ai sorti Naked (2020) juste avant le premier confinement, ma tournée a été annulée, et comme beaucoup de monde, je me suis retrouvé avec énormément de temps, alors je me suis dit que c’était le moment de travailler là-dessus. » Puisque ses tournages – il est aussi acteur – l’amènent souvent à voyager entre le Québec et la France, il craignait que son français sonne un peu faux. « Je change naturellement ma manière de parler d’un pays à l’autre, alors je ne savais pas trop ce que ça allait donner en chantant », a expliqué le Montréalais né à Paris. Avec un mélange d’instinct et de choix conscients – pour les « a », par exemple, il préfère la rondeur du québécois –, il a trouvé ses marques. « Ç’a été comme une nouvelle grammaire à apprendre pour moi. » Ce changement de langue a eu un effet inattendu sur sa voix : « En français, mon interprétation est plus parlée, plus douce. Je raconte davantage des histoires. » Paré de sonorités folk et acoustiques, Aliocha Schneider est un florilège de récits vécus, observés ou inventés à partir de situations qui le touchent et de moments charnières de l’existence. « L’Océan des Amoureux » s’inspire de la rupture qu’a subie un de ses amis proches, « Julia » lui permet d’exprimer ce qu’il ressent en quittant la vingtaine et « L’autre » convoque un personnage fictif tiré d’un court métrage avorté. Sur l’offrande, qu’il nous présente ici pièce par pièce, on entend des comédien·nes avec qui il a tourné en Grèce ainsi que sa copine, Charlotte Cardin. « Elle fait partie de moi, de ma vie, donc c’était important qu’on entende sa voix sur l’album. » Avant Elle « Le premier bout de texte que j’ai écrit est “Y a rien à espérer de moi”. Je pensais à quelqu’un qui a tout entre les mains et qui ne se sent pas à la hauteur. Parfois on manque de confiance, alors on fuit. Même si ça paraît absurde d’arriver aux portes du bonheur et de ne pas oser aller vers lui, c’est quelque chose que j’ai vu souvent dans des relations amoureuses. Récemment, je suis tombé sur une citation de Romain Gary qui dit “Faut pas avoir peur du bonheur, c’est juste un bon moment à passer”, et cette chanson, c’est exactement ça. » Julia « J’ai composé celle-là à Paris. Je voulais toucher à la peur qu’on ressent au moment où on quitte la jeunesse. On a peur d’avoir changé, de s’être rangé·e, d’avoir renoncé aux idéaux qu’on avait à l’adolescence. J’ai transposé ça sur quelqu’un d’extérieur [la Julia du titre], parce que c’était plus facile dans une chanson. » L’Océan des Amoureux « Quelqu’un de très proche de moi s’est fait larguer par sa copine, qui est partie à New York rejoindre quelqu’un d’autre. Ça m’a troublé, parce que ça l’a rendu très malheureux. Ma première version de cette chanson-là était assez véhémente, mais à force de la travailler j’ai pu ramener un esprit plus doux et compréhensif. L’idée centrale c’est : “C’est pas le fait que tu partes qui fait mal, mais ta façon de le faire.” Pour moi, les relations qui finissent, ce n’est pas un échec, c’est la fin de quelque chose et ça peut même être beau. » Hey Mama « J’ai coécrit l’album avec Marc-André Gilbert. Pour celle-là, on est partis d’un riff et la chanson est vraiment née en studio. On essaie un peu tout et n’importe quoi pour avoir des idées. Il m’a dit d’imiter un artiste, probablement Jean Leloup ou Bob Dylan, parce qu’on revient toujours à eux, et ça nous a donné l’élan dont on avait besoin. On voulait parler de l’envie de partir pour se trouver soi-même, de ce moment dans la vie où tu perds tes attaches, où tu es au terme de quelque chose et au début de rien. Ça crée une nostalgie, mélangée à un sentiment de liberté. » Ensemble « Au début on avait juste le riff de guitare qu’on aimait beaucoup et le refrain. Je tournais beaucoup cette année-là, j’ai été en Grèce pendant plus de six mois, j’étais loin des gens que j’aime. On allait dans un sujet délicat pour moi, donc très vite je trouvais ça cucul, mais Marc-André a poussé jusqu’à ce qu’on arrive à trouver les mots justes et maintenant, c’est probablement ma chanson préférée de l’album. » L’autre « Avec mon meilleur ami, Romain Dumont, on a eu du financement pour écrire un court métrage. Ça s’appelait L’écoute et ça racontait l’histoire d’un artiste qui fait écouter son EP à ses ami·es, qui se rendent compte peu à peu que les chansons parlent directement de leur vie. “L’autre”, que j’ai écrite pour cet artiste fictif, parle d’un triangle amoureux où l’amant veut redevenir le personnage principal de son histoire et retrouver sa dignité. C’est plutôt doux-amer. Le projet de court métrage a avorté, alors je me suis permis de terminer la pièce pour mon album. » Suspendus « C’est probablement celle dont on a fait le plus de versions. Je l’ai écrite au piano, un moment donné il y avait des synthés, c’est devenu électro... On a même eu une version néo-soul. On cherchait encore l’identité de l’album. Jusqu’à ce que je prenne ma guitare en studio et que je me mette, en niaisant, à chanter la chanson. Marc-André et moi on s’est regardés et c’était évident qu’il fallait aller dans cette direction-là. On a enregistré une version hyper simple super rapidement. À partir de ce moment-là, on a vraiment assumé le côté plus acoustique et folk de l’album. » Paradis « Je suis en Grèce et je tombe sur une story de Marc-André en boxeurs dans son studio maison, qui joue ce qui allait devenir la ligne de basse de la chanson. Tout de suite, j’entends la mélodie dans ma tête, je me filme en train de chanter par-dessus sa story et je lui envoie ça. Il est venu me retrouver en Grèce, on a loué un studio et on a enregistré. Je tournais une série qui s’appelle Salade grecque, et j’ai fait venir mes ami·es comédien·nes en studio pour qu’ils chantent. On les entend aussi sur “Avant Elle”. » Losing You « J’avais un vieux début de chanson en anglais que je n’avais pas envie de traduire, mais j’ai écrit le deuxième couplet en français, donc c’est devenu la chanson bilingue de l’album. Pour la partie en anglais, j’ai gardé la toute première prise de voix que j’ai faite. Je l’avais composée quand je tournais un film en Grèce qui s’appelle Music. J’avais fait le démo rapidement en arrivant à Montréal et il y avait quelque chose que je ne suis pas arrivé à retrouver quand on a voulu l’enregistrer pour vrai, donc on a gardé cette prise-là. » Mexico « C’est une très vieille chanson. J’avais le texte sur une autre mélodie, mais Marc-André a sorti un beat sur lequel ça fittait complètement. On l’a composée très vite, en une séance. Il y a une chaleur dans les percussions qui a beaucoup influencé les arrangements du reste de l’album. Ça me paraissait logique de mettre les deux pièces en anglais en dernier, comme un clin d’œil au passé, en épilogue. »
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