Glory

Glory

« Tu connais le film Talladega Nights: The Ballad of Ricky Bobby [Les nuits de Talladega : La ballade de Ricky Bobby]? », a demandé le chanteur Brett Emmons à Apple Music en s’installant pour discuter du quatrième album de The Glorious Sons, Glory. On ne s’attend pas à ce que ce soit la première référence qui surgisse en parlant d’un album qui aborde la mort, les peines d’amour et les crises existentielles, mais comme son groupe a frappé trois coups de circuit dans les palmarès rock canadiens en autant de projets, ça vaut la peine de s’intéresser à sa logique bizarre. « Y a une scène où tout le monde est en train de manger chez Applebee’s et où le père commence à se chicaner avec la serveuse », a poursuivi Emmons, « et il dit quelque chose comme : “Je vois des belles choses et j’ai envie de les massacrer!” Ça m’arrive de me sentir comme ça aussi, je te le cacherai pas. » Emmons parle surtout du sentiment qui se cache derrière la pièce principale de Glory, « House Lights », une ballade à combustion lente qui évoque le retour à la maison après une longue période d’absence et le fait de ne plus savoir si on y a sa place – ou même si on veut y avoir sa place. C’est certainement un sentiment que les membres du groupe peuvent éprouver après avoir passé une bonne partie de leur vingtaine en tournée, parcourant des milliers de kilomètres et offrant des centaines de spectacles, jusqu’à ce qu’ils fassent partie de l’élite du rock d’aréna canadien. Même si ce n’est pas tout à fait un acte de provocation digne de l’école d’autosabotage de papa Bobby, Glory donnera une petite pause aux fans qui se tournent vers le groupe de Kingston pour meubler leurs samedis soir avec des chansons survoltées comme « S.O.S. (Sawed Off Shotgun) » et « Panic Attack ». Fidèle à la nature confessionnelle des textes d’Emmons, cette offrande est plus terre à terre et élégante, et puise dans des influences comme le folk, le country et le gospel tout en gardant un minimum de riffs rauques. Emmons nous dévoile ici les inspirations derrière chaque morceau. Glory « Un band peut prendre de l’ampleur et on peut devenir trop habitués les uns aux autres, ce qui nous rend insensibles entre nous; on arrête de s’impressionner, et il faut trouver le moyen de continuer à le faire. Cette chanson est donc une incitation pour le groupe à faire le point sur ce qu’on a fait ensemble et à l’apprécier. La dernière phrase – “This could all be gone” [librement : “Tout ça pourrait disparaître”] – est un vrai de vrai avertissement : on pourrait faire n’importe quoi d’autre et aucun d’entre nous ne serait aussi heureux. C’est la vie qui nous convient. Une vie de pirates. » Mercy Mercy « Le refrain dit : “Mercy, mercy/I’m sick of my war” [librement : “Pitié, pitié/Je suis tanné de ma guerre”], parce que dans la vingtaine, on est en guerre contre le monde et on pense qu’on a raison à propos de tout. D’une certaine manière, ça disparaît presque comme par magie entre 29 et 30 ans, ce qui est fou! À 30 ans, je me suis senti beaucoup plus rassuré qu’à 20 ans, je sais pas pourquoi. » Cellular « Ça parle de ma famille et de mon enfance à Amherstview [Ontario], plus particulièrement de mon grand-père et de ma grand-mère, et de la façon dont on peut affecter une lignée pour les générations à venir, et de comment on se situe par rapport à ça. En conclusion, la chanson dit : “I want to know where did we start/I want to know what’s in my heart” [librement : “Je veux savoir où on a commencé/Je veux savoir ce qu’il y a dans mon cœur”], parce que je viens d’un milieu normal, de la classe ouvrière, alors comparer ça à ma vie de bête de cirque itinérant est une juxtaposition vraiment intéressante. C’est important pour moi de garder les deux côtés dans ma vie, mais c’est aussi un des plus gros défis que j’ai eus à relever. » Dream « Cette pièce parle de vivre dans le présent quand on est confronté·e tous les jours à la tristesse du passé. Elle a été écrite pour mon ex, Jordan [Miller, du groupe The Beaches]. En gros, je dis : “Vis dans le présent, regarde-toi, regarde ce que tu es en train de faire.” Il faut rester présent·e et se sortir du passé, parce qu’on peut toujours retourner dans le confort abrutissant de la nostalgie. » House Lights « J’ai habité dans une maison à Kingston avec un ami, et je pense que c’est ce qui m’a principalement inspiré pour écrire cette chanson. [Le guitariste et pianiste] Josh [Hewson] l’explique mieux que moi : il dit que c’est un peu comme rentrer chez soi après une tournée et être détaché·e de la vie qui continue sans nous pendant qu’on est pas là. C’est un point de vue très intéressant, mais pour moi, la pièce parle aussi de la peur et de la perte, et de la peur de devenir la personne qu’on voudrait être. » Speed of Light « De nos jours, on entend toujours des choses négatives sur les gens. On est constamment bombardé·es par ça. J’ai eu envie d’écrire un morceau qui célèbre notre persévérance au quotidien. Les choses qui nous arrivent sont souvent complètement hors de notre contrôle. Et pourtant, on continue de se lever et d’aller travailler. On essaie toujours de faire des choses pour nous-mêmes et pour les autres. Ces problèmes existentiels quotidiens nous affectent vraiment, et on ne parle jamais du fait que c’est incroyable qu’on tienne le coup. On nous dit tous les jours que c’est la fin du monde, et pourtant les humain·es continuent d’avancer. Je pense que c’est une chose magnifique. Je pense qu’on devrait peut-être avoir une attitude un peu plus positive à propos de ce qu’on est capables d’accomplir. » Lightning Bolt « Dans cette pièce, je m’adresse à un gars – et peut-être que ce gars, c’est moi –, et il attend beaucoup d’une femme, alors qu’en réalité c’est pas le rôle qu’elle était censée jouer dans sa vie. C’est comme : “Oublie ça, cette fille va faire ce qu’elle veut.” Et il reconnaît que la situation est difficile pour elle aussi. Tout le monde veut la côtoyer, tout le monde tombe en amour avec elle, ce qui n’est pas toujours facile à vivre, et ça peut aussi entraîner une grande solitude. Mais c’est un peu une célébration de ce personnage féminin, et de quelqu’un qui vit sa vie selon ses propres règles. » You Stay Young « C’est une grande chanson qui parle de la perte. Je chante pour un de mes amis, et je ne peux rien dire d’autre à part qu’il a changé. Je peux pas vraiment rentrer dans les détails, mais il a changé d’une manière qui m’a fait capoter. C’était mon meilleur ami. Le narrateur de la chanson parle d’un décès, parce que c’est comme ça que j’ai perçu la situation. Cette pièce me rappelle un rêve que je faisais : y a une maison au bout d’une allée, elle est en ruine, tout le monde est là, mais on peut rien faire. On est à l’extérieur, à la regarder, et on se dit que c’est peut-être le destin qui a voulu ça. » Time Will Reign Down On Me « En écoutant l’album, vous pouvez sûrement vous rendre compte qu’on a vraiment été ambitieux, mais pour moi, c’était important de ne jamais amener cette chanson en mode “explosion”. Avec ce genre de morceau, il faut vraiment résister à l’envie d’en faire quelque chose de grandiose, de gigantesque. Pour moi, c’est un peu comme les Eagles sur la codéine : je voulais que ça reste sombre, lent, épeurant et menaçant. » Cosmic Beam « Je trouve que ce morceau sonne un peu comme une pièce de The Band, mais mélangée dans le monde moderne avec du Queen. C’est en quelque sorte un éloge, mais aussi un avertissement. La phrase la plus importante – parce qu’elle frappe de plein fouet alors que tout le reste est plutôt métaphorique –, c’est “Don’t let him think that he’s living the dream” [librement : “Ne le laisse pas croire qu’il vit une vie de rêve”]. Pour moi, ça parle d’amitié, d’être un bon ami et de ne pas le laisser se perdre. C’est comme si on était là avec lui à un moment donné, et qu’on l’encourageait autant qu’il nous encourageait, mais qu’un jour, quand il est confronté à la réalité, on peut essayer de l’aider, mais il est peut-être trop tard. Et dans cette chanson, je sais pas vraiment s’il est au paradis ou en enfer, mais je l’aime toujours. »

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