Les altercations publiques, les pétages de plomb et la décadence scandaleuse participent à la légende à la fois clivante et captivante des Guns N‘ Roses. Si les fans de rock ont passionnément adopté la fusion de hard rock, de heavy metal et de punk produite par le groupe sur son premier album, Appetite for Destruction (1987), c’est sans doute parce qu‘elle dégageait cette atmosphère grinçante et dangereuse, à des années-lumière des groupes de garçons-coiffeurs de l‘époque. Ainsi, « Welcome to the Jungle » est peut-être un fantastique modèle pour des performances d’air-guitar, mais c‘est surtout une expédition enragée dans les ruelles miteuses du rêve américain. Même « Sweet Child O‘ Mine », qui commence comme une exaltante ballade, se noie finalement dans les affres du doute de son chanteur Axl Rose. La célébrité tumultueuse du groupe n‘a cependant pas entamé son ambition. Alors que le guitariste iconique Slash continue de balancer ses riffs à la Rolling Stones sur les albums Use Your Illusion I et II (1991), les pierres angulaires de ces albums sont des psychodrames épiques, comme « November Rain », qui reflètent l‘amour de Rose pour l’opulence extravertie d’un groupe comme Queen. Les fans doivent ensuite attendre 17 ans pour que Rose, qui a repris le projet en solo et qui s‘est résolument tourné vers le rock industriel, leur offre de nouveaux morceaux originaux avec Chinese Democracy (2008). Ils sont alors nombreux à avoir abandonné tout espoir de reformation des Guns N‘ Roses, jusqu‘à ce qu‘en 2016, Slash et le bassiste Duff McKagan les stupéfient en annonçant leur retour dans le groupe. Têtes d‘affiche du festival Coachella, les Guns N’ Roses se lancent ensuite dans une tournée mondiale à guichets fermés, prouvant une fois de plus leur popularité sur fond de controverses.