Après un album de concertos de Vivaldi sur le thème du théâtre qui a rencontré un grand succès en 2020, Julien Chauvin et Le Concert de la Loge reviennent avec un 10e volume de la Vivaldi Edition du label Naïve, cette fois-ci consacré à Johann Georg Pisendel (1687-1755), l’élève violoniste allemand vedette de Vivaldi, maître de concerts à la chapelle de la Cour de Dresde. On y entend trois concertos composés pour lui (RV 237, RV 314 et RV 340) et trois autres copiés de sa main (RV 225, RV 226 et RV 369), interprétés dans le style spectaculaire de Chauvin et de son ensemble d’instruments anciens. L’époque du vibrato écœurant et du cantabile rutilant est révolue. C’est, ici, du Vivaldi à l’état brut, bondissant athlétiquement d’une exaltante partie virtuose à une autre, avec une ingéniosité qui redéfinit les genres. Les surprises abondent, qu’il s’agisse d’une éblouissante cadenza dans le finale du Concerto pour violon en la majeur, RV 340, de solistes émergeant soudainement de l’orchestre dans le Concerto pour violon en si bémol majeur, RV 369, ou de pizzicatos quasi guitaristiques dans le Concerto pour violon en ré majeur, RV 226. Tout est joué avec un instinct et une imagination enivrants, confirmant le caractère révolutionnaire de cette Vivaldi Edition, digne de figurer aux côtés des symphonies intégrales d’Haydn, d’Antal Doráti ou de la série des cantates de Bach par Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt.