Mozart: Piano Concerto No. 23, Symphony No. 40 & Don Giovanni Overture


En écoutant l’interprétation ultrarapide de l’ouverture de Don Giovanni par les musiciens du Concert de la Loge, réglés au millimètre et multipliant les micro-inflexions, il est difficile de croire que cette musique a été jouée autrefois de manière lente et pesante par des chefs d’orchestre légendaires comme Otto Klemperer et Karl Böhm. Heureusement, les modes musicales évoluent vite, et il n’a fallu que quelques décennies pour redonner de l’énergie et de la fraîcheur à Mozart, et pour redécouvrir les textures étincelantes et les échanges dynamiques qui pimentent sa musique. Sous la direction inspirée et exubérante de Julien Chauvin, la Symphonie N° 40, jouée sur instruments d’époque, est toute aussi élancée, articulée par des cordes légères, des bois habiles et d’âpres cors. C’est surtout le ravissant Concerto pour piano N° 23 en la majeur qui, entre les mains d’un des plus grands clavecinistes et pianofortistes de notre époque, Andreas Staier, se transforme totalement. À rebours du rythme lent généralement adopté — pour accentuer le côté tragique du concerto — Chauvin et le soliste se sont accordés sur un tempo plus rapide, qui le fait passer d’une rêverie proto-romantique à une pièce d’avant-garde, vibrante et galvanisante.