C’est avec le premier de ses trois enregistrements des Suites pour violoncelle seul que Yo-Yo Ma, qui a une vingtaine d’années en 1983, commence son ascension vers la célébrité. Sa performance des Suites dans leur intégralité — près de trois heures — à Londres, lors du concert The Proms, devant plus de 5 000 personnes a marqué les esprits et lui a valu le Grammy Award de la meilleure interprétation instrumentale en soliste. En concurrence avec les légendaires enregistrements de Pablo Casals, Pierre Fournier ou Mstislav Rostropovich, l’interprétation de Ma, ample et profonde, définit un style plein de sensibilité, à la fois expressif et méditatif, plus proche parfois du romantisme que de la rigueur baroque. À l’époque, les enregistrements historiquement informés étaient relativement peu nombreux et les lectures suivantes des Suites par Yo-Yo Ma (en 1997 et en 2018) seront moins souples en matière de rythme et de phrasé. Ce premier enregistrement dévoile, quoi qu’il en soit, un grand virtuose du violoncelle, qui impressionne par son impact et ses nuances, renforcées ici par un remastering faisant la part belle à la dynamique et à la riche sonorité du violoncelle.