Le country ressemble à une boîte, a déjà dit Kenny Rogers. Le truc, c’est de s’éloigner du centre de cette boîte, tout en demeurant à l’intérieur. Luke Combs maîtrisait cette façon de faire dès ses débuts : il écrivait des chansons ayant une énergie très hard rock tout en restant fidèles aux valeurs fondamentales du country. Si les nouveaux artistes reçoivent habituellement une réception tiède de la part des radios spécialisées, Combs (né en 1990 et élevé en Caroline du Nord) a, quant à lui, pulvérisé tous les obstacles. Son premier simple, « Hurricane », s’est hissé au premier rang du palmarès américain. Son deuxième, « When It Rains It Pours », a connu le même parcours. En 2019, Combs est ainsi devenu le premier artiste country de l’histoire dont les sept premiers extraits se sont hissés au sommet du palmarès, et il a aussi rapidement tenu le haut de l’affiche dans les tournées à travers le pays. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce succès n’est pas arrivé tout seul : avant d’être repéré par une grande maison de disques, Combs a produit trois mini-albums à son compte, ce qui lui a permis de développer son style – une puissante et ardente voix de ténor, des guitares très « southern rock » et des rythmes imprégnés de hip-hop. Le fait qu’il ressemble à tout le monde ne lui a pas nui non plus; lui-même dit qu’il n’a pas l’air d’une star, mais plutôt du fan moyen de country. Parmi une foule de vedettes de Nashville bien coiffées et bien vêtues, son allure un peu négligée est en quelque sorte un hommage à la masculinité rurale. Si celle-ci est aussi présente dans sa voix, Combs est un auteur-compositeur éclectique : il peut passer avec aisance d’une chanson débridée à une ballade tendre, drôle un instant, sentimental le suivant. Dans les années 90, Garth Brooks a permis au country d’avoir la même importance que le rock dans la culture populaire. Combs prend naturellement le relais quelques décennies plus tard.