Lil Uzi Vert le déclarait haut et fort dans l’introduction de « Wokeuplikethis* » de Playboi Carti : « Je suis une rock star. » C’était plus de sa flamboyance que de sa puissance dont l’icône du rap voulait ainsi témoigner. Car Uzi incarne le vedettariat rap post-Kanye, par son fier port du sac à main et son éducation ponctuée d’animes et de Marilyn Manson. L’indifférence totale de Lil Uzi Vert face à l’orthodoxie hip-hop en fait une figure punk pour certain·es, héroïque pour les autres. Là où des dynasties de rappeurs et rappeuses ont étendu leur influence en se transformant en entrepreneur·es (comme le dit JAY-Z : « I’m not a businessman/I’m a business, man »), Uzi est à la tête d’une génération qui excelle dans l’utilisation de la mode et des médias sociaux. Sa personnalité et son imagination, autant dans son rôle d’artiste qu’à la direction de la création, font presque autant de bruit que sa musique. Le fait d’arriver à transformer une pièce aux paroles aussi sombres que « Push me to the edge/All my friends are dead » (librement : « Pousse-moi au bord du précipice/Mes ami·es sont tous et toutes mort·es ») comme « XO TOUR Llif3 » en chanson qui résonne en chœur dans les stades en atteste : voilà une personne capable de ressentir la douleur, mais aussi de la présenter avec style. Alors, une rock star, peut-être. Mais définitivement pas une star du rap au sens traditionnel du terme.