Au cours de son illustre carrière, Frank Sinatra porte plusieurs surnoms, mais « Chairman of the Board » ou « Ol’ Blue Eyes » semblent réducteurs pour décrire l’un des plus grands interprètes du 20e siècle. En fait, le sobriquet qui résume le mieux son talent est également le plus simple : « The Voice ».
Né à Hoboken, dans le New Jersey, en 1915, Sinatra fait ses classes dans les orchestres d’Harry James et Tommy Dorsey, avant de devenir chanteur soliste en pleine Deuxième Guerre mondiale. Sa popularité auprès des jeunes filles doit sûrement à son regard bleu acier, mais aussi à sa manière de « crooner », qui donne l’impression que l’artiste susurre à l’oreille de chacune d’entre elles. Mais Sinatra ne tient pas au rôle d’idole des adolescentes : il est un interprète de haut vol. Il développe son instrument, perfectionnant un phrasé unique, inspiré par le jeu de trombone de son ancien patron Tommy Dorsey. Sinatra manie le legato avec aisance, débitant de longues phrases ininterrompues qui semblent suivre leur propre rythme.
En 1953, il entame un partenariat artistique avec l’arrangeur maison de Capitol, Nelson Riddle, qui donne un nouveau souffle à sa carrière. Il crée avec lui son premier microsillon, In the Wee Small Hours (1955), aujourd’hui considéré comme l’un des premiers albums concepts. Si cette période, durant laquelle il s’approprie les meilleures chansons du Great American Songbook, est sa plus faste, son charme et son talent traversent les générations.