Éclectique et changeante, la pop africaine montre tellement de facettes différentes que la décrire en quelques mots paraît impossible. D’autant plus que les artistes qui la représentent depuis les années 2010 sont de vrais caméléons. La Nigériane Ayra Starr ne fait pas exception. Au fil de ses nombreux déménagements, l’insaisissable artiste (née Oyinkansola Sarah Aderibigbe en 2002 au Bénin) connaît la frénésie des quartiers achalandés de Cotonou, la quiétude des parcs d’Abuja et l’effervescence de Lagos, où elle finit par s’installer. Au passage, elle apprend le français, l’anglais, le pidgin nigérian et le yoruba, langues qu’elle tresse avec une aisance évidente dans ses pièces afropop aux accents R&B. Starr puise dans sa capacité à s’adapter à diverses cultures pour développer son style, qui se veut rafraîchissant. Dès la parution de son premier EP éponyme, en 2021, un vent de modernité émane des morceaux qu’elle concocte elle-même ou avec son frère, Dami. La richesse de sa musique se déploie dans toute sa splendeur sur le kaléidoscopique mixtape 19 & Dangerous (2023). On peut y entendre « Bloody Samaritan », premier simple numéro un de l’autrice-compositrice-interprète à s’inscrire dans le palmarès nigérian. La vaporeuse chanson modernise l’afrobeats en mettant en avant les qualités inimitables qui ont contribué au succès de l’artiste : une voix souple, une production envoûtante et des textes qui soulèvent les passions.