All In One

All In One

Après deux EP prometteurs, le premier effort de Jaunt, sextuor originaire du sud de l’Ontario, dévoile un groupe interprétant ses idées les plus géniales et complexes avec la précision que nécessiterait une chanson pop. Produit par le batteur de BADBADNOTGOOD Alex Sowinski, All In One compte 10 pièces en 31 minutes top chrono, mais déborde de suffisamment d’ambition et d’ingéniosité pour occuper les quatre faces d’un vinyle. Au fil de son album, Jaunt nous livre un assemblage complexe de formes en apparence incompatibles : du folk et du funk, du progressif et du soul, du krautrock et des harmonies rappelant les Beach Boys. Mais grâce aux fascinants entrelacements vocaux à la Dirty Projectors des chanteurs Tom Helliwell et Caitlin Woelfe-O’Brien, les morceaux joyeux et décontractés distillent une « vibe » apaisante qui reflète parfaitement les thèmes de la méditation et du bien-être qui planent sur l’album. « Quand on écoute de la musique, c’est comme un voyage temporel, parfois on perd la notion du temps », confie Helliwell à Apple Music. « En tant qu’auteur, on cherche le plus possible à contrôler cette perception du temps. Ce qu’on veut, c’est donner une impression de longueur à un moment bref, pour faire voyager votre esprit le plus loin possible sur une durée très courte. » Il nous explique pièce par pièce comment savourer chaque moment de cet album.All In One« C’était une pièce acoustique toute simple qu’on a délicatement enjolivée avec des synthés et des voix. Sur le plan des paroles, elle fait un peu office de repère pour les thèmes abordés dans les autres chansons où, le plus souvent, il est question de pleine conscience et d’essayer de ne pas s’inquiéter pour les choses qui sont hors de notre contrôle. »Nostalgia For the Present Moment« Ç’a longtemps été une pièce instrumentale, mais j’avais le titre – je pensais à ce paradoxe étrange. Au moment d’écrire les paroles, je me suis dit : “Comment renforcer cette idée pour lui donner encore plus de sens?” De toutes les chansons, je pense que c’est la moins ambiguë en ce qui concerne le texte. Avoir un chanteur principal soutenu par des chœurs a vraiment aidé, surtout pour répartir les différents couplets. On a pu planter le décor et raconter une vraie histoire. Ça m’a ouvert beaucoup de portes, et ça m’a permis de terminer la chanson. »Crushed Velvet« C’est un autre morceau qui est resté instrumental très longtemps, et ce n’est que dans les tout derniers mois qu’on lui a écrit des paroles. Ça dit qu’il faut réfléchir et essayer d’accepter les erreurs du passé comme une étape nécessaire pour atteindre une certaine sagesse, et que partager son expérience peut améliorer la vie d’autres personnes. »Pt 2« On avait la première partie avec “Crushed Velvet” et son beat krautrock qui déchaîne toute une section, mais on se demandait où ça pouvait bien nous mener. On ne savait pas comment finir la pièce. Puis, on s’est dit : “Et si on l’arrêtait net, pour aller vers quelque chose de très calme, tout en simplicité?” Ça nous a permis de définir l’ordre des chansons sur l’album : “True Affections” arrive juste après, donc la fin de cette pièce devait annoncer la suivante et s’harmoniser aux autres. »True Affections« J’essayais d’écrire à propos du jet d’inspiration qui précède toute création, qu’il s’agisse d’une chanson ou d’un tableau, et de la façon dont l’inspiration et l’énergie créatrice entrent en conflit avec l’autocritique ou la page blanche paralysante. Il s’agit d’entrevoir de la joie et une certaine perspective à travers le néant, de le remplir de sa voix, de son expression, en se sentant stimulé plutôt que découragé. »Bakers Moves« C’est probablement l’une des plus anciennes chansons de Jaunt. Je l’ai composée avec [le guitariste] Pat [O’Brien], dans sa chambre à Hamilton [en Ontario]. On n’avait encore jamais fait de spectacles, et son père nous a suggéré que Jaunt serait un nom de groupe plutôt cool. J’étais au secondaire à l’époque, je lisais Gatsby le magnifique, et un des personnages décrivait un autre personnage, une femme à l’allure “jaunty” : “qui bougeait avec désinvolture”. Elle s’appelait Jordan Baker, c’est comme ça que j’ai trouvé le titre “Bakers Moves”. La pièce remonte aux débuts du groupe, et son énergie complétait bien tout ce qu’on était en train d’écrire. Elle est restée longtemps en attente, puis elle a finalement trouvé sa place. On estimait qu’elle méritait de paraître dans les meilleures conditions. »Obvious Answer« Celle-là me rappelle “Crushed Velvet” dans le sens où ç’a été une pièce instrumentale pendant longtemps, et on a eu beaucoup de mal à lui trouver un équilibre, une direction. D’ailleurs, ça s’entend un peu dans la façon dont elle change de rythme. On a tellement expérimenté musicalement qu’en essayant de trouver un fil conducteur avec les paroles, c’est devenu une chanson d’amour. Ça dit que quand on se concentre sur les qualités de son partenaire, on peut découvrir une infinité de belles choses. »Callous Standard« Encore un morceau qui a quelques années. Il a toujours eu cette structure incohérente, découpée en plusieurs sections. D’une certaine façon, je pense qu’il nous a permis de révéler notre potentiel; c’est la preuve qu’on peut aussi aller dans une tout autre direction. On avait déjà fait ça, écrire une chanson qui nous emmène quelque part et change complètement de trajectoire. »Suggestions« Au moment d’écrire les paroles, je pensais au phénomène de chambre d’écho, quand on va sur Internet et que ça ne fait que nous conforter dans nos idées. On doit pouvoir échanger avec quelqu’un qui a un point de vue opposé, et alors chacun peut confronter l’autre, rire de ses opinions ou trouver la faille. C’est une chanson sur l’expression de nos différences et l’ouverture d’esprit. »Delighted To Be Spoken To« Pat plaçait toujours cette pièce en dernier, parce qu’avec la progression d’accords, le groove vers la fin, ça faisait un bel adieu. C’est encore une chanson qui est restée très longtemps instrumentale et dont les paroles sont arrivées à la toute fin. Je dirais que le fait d’en avoir terminé plusieurs autres nous a aidés, parce qu’on a pu en faire une espèce de récapitulatif de certains thèmes abordés et faire vaguement référence à “All In One”. J’essayais de la voir comme la dernière pièce de l’album, celle qui allait boucler la boucle, sur le plan des paroles. »

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