Beaucoup plus qu’un clown, Robert Pickering “Bo” Burnham a peu à peu acquis la réputation de mettre en mots (et en mélodies) les maux de son époque. Tout commence en 2006, alors que, tout juste âgé de 16 ans, il publie une vidéo amateur pour sa chanson satirique « My Whole Family… ». L’étudiant est loin de se douter du succès qui l’attend au bout d’un simple clic de souris. En quelques jours, les vues se multiplient et il devient malgré lui un phénomène viral. Bo Burnham aurait pu sombrer dans l’oubli après sa popularité instantanée, mais sa sensibilité musicale, son sarcasme et sa persévérance lui permettent d’enchaîner les bons coups. Après la parution d’un EP teinté d’ironie (Bo fo Sho, 2008), il est le plus jeune humoriste à hériter d’une vitrine dans la série Comedy Central Presents. La vie de comique rime généralement avec tournées et spectacles, mais de multiples attaques de panique l’amènent à reconsidérer les moyens pour joindre son public. Il se fait metteur en scène pour Jerrod Carmichael et Chris Rock, puis, au cinéma, il surprend les critiques autant comme réalisateur (Eighth Grade [Ma huitième année], 2018) que comme acteur (Promising Young Woman [Une jeune femme pleine de promesses], 2020). En 2021, alors qu’une pandémie mondiale bat son plein, il sort Bo Burnham: Inside et INSIDE, un film intimiste et sa trame sonore existentialiste sur son propre confinement, qui lui valent louanges et consécration. Voilà la preuve que l’autodérision, quand elle est aussi affûtée qu’un scalpel, porte à réfléchir.