Chanteuse et parolière, Édith Piaf est un monument de la chanson française dont les refrains ont traversé le temps. « La vie en rose », « Milord », « La foule », ou encore « Non, je ne regrette rien » comptent parmi les classiques de « la Môme » et sont à l’image d’une vie digne d’un roman, faite de drames, d’amours brisés et d’addictions. Enfant de la balle, Édith Giovanna Gassion naît le 19 décembre 1915 dans le quartier de Belleville à Paris, d’une mère chanteuse et d’un père acrobate. Élevée dans la misère, elle suit son père dans des cirques itinérants avant de fuir le foyer familial à 15 ans pour chanter dans la rue, puis dans les bals musettes. C’est Louis Leplée, figure de la nuit parisienne, qui l’introduit dans le monde des cabarets et lui donne son surnom, « la Môme Piaf ». Acclamée par le Tout-Paris, elle enregistre ses premières chansons pour Polydor en 1935 (« Les Mômes de la cloche », « La Java de cézigue », « L’Étranger », « Mon apéro ») mais conquiert véritablement le public sur scène, où, du haut de ses 1m47, sa voix puissante, sa gestuelle théâtrale et sa parfaite connaissance des textes et des musiques collent à son personnage comme la petite robe noire qu’elle arbore sous les projecteurs. Raymond Asso offre à Édith Piaf son premier succès, « Mon légionnaire » et Jean Cocteau son premier rôle au théâtre, dans Le Bel indifférent. Piaf jouera elle-même plus tard le rôle de Pygmalion pour Yves Montand, Charles Aznavour et Gilbert Bécaud. Pendant l’occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale, elle se produit devant les soldats allemands tout en aidant secrètement des prisonniers à s’échapper dans le cadre de la Résistance française. Après-guerre, elle écrit la chanson phare de sa carrière « La vie en rose », qui lui permet de dompter New York – la chanson obtiendra un Grammy Hall of Fame Award en 1998 – et de devenir outre-Atlantique une des très rares artistes françaises pleinement reconnues. Malgré ces succès phénoménaux, la vie d’Édith Piaf est marquée par une succession de drames personnels - en particulier la mort de sa fille Marcelle en 1935, puis celle de son compagnon, le boxeur Marcel Cerdan, dans un accident d’avion en 1949. Elle écrit à sa mémoire une de ses plus belles chansons, « L’Hymne à l’amour », mais ne se relèvera jamais vraiment de cette perte. À la fin de sa vie, elle multiplie les concerts et les succès – comme son tube de 1960, « Non, je ne regrette rien », qu’elle dédie à la Légion étrangère française – mais usée par la maladie (elle est notamment atteinte de polyarthrite), les excès, et la dépendance à la morphine, elle meurt d’une rupture d’anévrisme en 1963, à seulement 47 ans. La vie tumultueuse de cette enfant des rues devenue légende de la chanson française a été racontée dans des livres, des pièces de théâtre et des films, notamment La Vie en Rose (2007) avec Marion Cotillard, dont la performance a été récompensée par un Oscar de la meilleure actrice.